Après OL – POTSDAM : mais que s’est-il passé ?

Comment l’OL, qui menait 1-0 après un premier quart d’heure sérieux, a pu laisser échapper une qualification pour les quarts de finale qui lui tendait les bras. Camille Abily, Wendie Renard et Patrice Lair tentent d’expliquer cette terrible désillusion.



Lotta Schelin et les Lyonnaises se sont heurtées à un solide bloc allemand (Photos : Alex Ortega)
Patrice Lair a couru de partout, a même joué les ramasseurs de balle dans les dix dernières minutes. Pour secouer ses filles. Les exhorter à en faire toujours plus. Pourtant porté par le public de Gerland, qui les a mêmes applaudies malgré leur élimination, les Lyonnaises n’ont pas su combler leur retard après le penalty de Mjelde à la 73e minute. Mais comment cet OL, double champion d’Europe, qui n’avait pas perdu un seul match en Coupe d’Europe à domicile, a pu se faire éliminer de la sorte ? Surtout en menant 1-0 après 11 minutes et plat du pied assuré de Camille Abily. « On a fait un bon premier quart d’heure où on était sérieux, bien en place. Après on a commencé à parler, à ne plus faire les efforts, à avoir des espaces entre les lignes, à laisser partir les filles dans le couloir… », soupirait Patrice Lair en zone mixte.

"On pensait qu’en marquant ce premier but ça irait tout seul"

La vitesse et la percussion d'Elodie Thomis n'ont pas changé le cours du match
Mais l’explication est aussi mentale. « Dans la tête, ça va vite. On pensait qu’en marquant ce premier but ça irait tout seul…, souffle Camille Abily, la buteuse lyonnaise de la soirée. Mentalement, on a un peu lâché. Et, à 1-1, elles ont réussi à reprendre le dessus. Ce but avant la mi-temps a rendu les Allemandes très costaudes. C’était dur. On n’a pas réussi à se mettre à l’abri. On ne s’attendait vraiment pas à sortir ce soir. » La capitaine Wendie Renard corrobore cette analyse. « Peut-être avons-nous marqué trop tôt ? On a bien commencé le match, on a réussi à marquer rapidement et on s’est peut-être dit que ça y est on était qualifié alors que l’on connait très bien la mentalité allemande. Ce sont des filles qui ne lâchent jamais rien. Et on l’a vu encore ce soir. »
Les coéquipières de Sabrina Viguier n’ont pas été au niveau d’Allemandes, agressives, qui ont tout donné. Et qui n’ont jamais rien lâché. Patrice Lair confirme : « Potsdam nous est inférieur mais elles ont eu une volonté supérieure et un impact physique énorme par rapport à ce que l’on a pu produire ce soir. On a été pulvérisé sur le jeu de tête ce soir hormis Wendie Renard… »
L’OL a aussi payé ses fautes de concentration. Comme ce ballon non dégagé, ce corner concédé bêtement et cette faute de marquage. « On paye cash ces petites erreurs », avouait Wendie Renard. C’est vrai qu’après ce premier but, on a eu du mal à reconnaître ces Lyonnaises d’habitude si séduisantes dans le jeu et qui ont fait preuve d’un déchet technique inhabituel. « Elles ont mis en place un gros pressing qui nous a bien empêché de jouer. On les a mis en difficulté par à-coup mais ce n’était pas suffisant », analyse Camille Abily.

"Quand on joue avec le feu, parfois ça brûle..."

L’autre explication est aussi physique. En seconde période, les Rhodaniennes ont semblé émoussé. Incapable de trouver la solution face au bloc allemand formidable de générosité. Un peu comme lors de la finale à Londres contre Wolfsburg. « Il a manqué un peu de peps, de jus parce qu’on avait livré un gros combat physique au match aller. On était aussi moins fraîche offensivement, ajoute Wendie Renard. Il ne faut pas oublier qu’on enchaîne pas mal de matches depuis pas mal d’années. Que ce soit en équipe de France ou à Lyon après ce n’est pas une excuse non plus. Car on aime jouer, on aime la compétition. »
Pourtant, les filles avaient été prévenues et savaient à quoi s’attendre : « Il y avait eu des petits signes, le coach nous avait déjà alerté mais quand on joue avec le feu, parfois ça brûle. Ce soir, ça nous a brûlés. On a que nos yeux pour pleurer. »

Thibault Simonnet

L’avis de Bernd Schröder (entraîneur de Potsdam)
« Dès que nous avons réussi à revenir à 1-1, Lyon n’a pas pu retrouver sa vraie forme et n’a jamais retrouvé le rythme. Déjà lors du match aller, Mes filles auraient peut-être mérité de gagner mais je pense qu’aujourd’hui, elles ont eu plus confiance en elles. Cela nous redonne une chance de gagner la Champion’s League même si c’est toujours dommage que deux équipes aussi fortes se retrouvent si tôt. Je suis déçu pour Lyon. J’ai une équipe très jeune en plein développement. Je suis un peu le pendant de Guy Roux. Cela fait 44 ans que je travaille dans le foot féminin ! »

Samedi 16 Novembre 2013
Thibault Simonnet