L'affiche de la rencontre
« Cette époque, c’était un rêve. Le paradis. » Marie-Louise Butzig, aujourd'hui décédée, se souvenait en 2011 de cette rencontre. Celle qui a grandi dans les Ardennes là où elle a découvert le football. Marie-Louise était gardienne de but de l’équipe de France de foot. Une des pionnières à avoir participé au premier match officiel des Tricolores, le 17 avril 1971, à Hazebrouck, face aux Pays-Bas. A ses côtés, Régine Pourveux, Marie-Bernadette Thomas, Nicole Mangas, Colette Guyard, Betty Goret, Marie-Christine Tschopp, Jocelyne Ratignier, Michèle Monier, Jocelyne Henry, Claudine Dié, Maryse Lesieur, Nadine Juillard, Marie-Claude Harant, Ghislaine Royer. Un peu plus d’un an avant, le Conseil fédéral du 29 mars 1970 avait officiellement reconnu le football féminin. En face, l'adversaire néerlandais était composé de joueuses
L’apparition de clubs féminins un peu partout en France notamment en Alsace (Schwindratzheim fut l’un des premiers clubs dès le milieu des années 60), avait contraint les dirigeants à accepter l’idée de voir des filles taper dans un ballon de foot (à la fin de la saison 1970- 1971, la France compte 2170 femmes sur 758 559 licenciés). Même si ce n’était pas forcément du goût de tout le monde. « A l’époque, on entendait beaucoup de remarques désagréables, se souvenait Marie-Louise Butzig. A mon travail, certains disaient que je ferais mieux d’aller repriser les chaussettes plutôt que d’aller jouer au foot.. »
L’apparition de clubs féminins un peu partout en France notamment en Alsace (Schwindratzheim fut l’un des premiers clubs dès le milieu des années 60), avait contraint les dirigeants à accepter l’idée de voir des filles taper dans un ballon de foot (à la fin de la saison 1970- 1971, la France compte 2170 femmes sur 758 559 licenciés). Même si ce n’était pas forcément du goût de tout le monde. « A l’époque, on entendait beaucoup de remarques désagréables, se souvenait Marie-Louise Butzig. A mon travail, certains disaient que je ferais mieux d’aller repriser les chaussettes plutôt que d’aller jouer au foot.. »
Les Françaises fêtent leur victoire face aux Pays-Bas et hissent Jocelyne Ratignier, auteure d'un triplé (photo archive La Voix du Nord)
Remplaçante lors de cette première rencontre officielle (une équipe de France avait participé à plusieurs matches, notamment contre l’Italie en 1969 et 1970 et l'Angleterre en 1969), Ghislaine Royer-Souef, dite Gigi, avait elle aussi le regard qui s’éclaire et le débit qui s’accélère à la simple évocation de cette époque. « Que de bons souvenirs ! C’est toute ma jeunesse, une période d’insouciance. A cette époque, c’était compliqué de jouer au foot quand on était une fille. On entendait plein de quolibets. Alors on faisait preuve d’intelligence en laissant dire. Nous assouvissions notre passion et c’était bien le plus important. »
En ce mois d’avril 1971 où les attendent les Néerlandaises, comme toujours, les filles se rendent en bus dans le Nord de la France. Colette Guyard s'était aussi remémorée ce match en 2011 « J’avais à peine dix-huit ans. L’ambiance dans le car était toujours très conviviale. On chantait des chansons un peu paillardes, on jouait à la belote, on se racontait des histoires et au retour, le bus s’arrêtait dans la ferme de mes parents et toutes les filles descendaient pour manger. C’était la fête. » De ce match face aux Pays-Bas disputé dans le froid durant 70 minutes et devant 1500 spectateurs, elle se souvient de la large victoire de la France (4-0), en maillot blanc, et du triplé de Jocelyne Ratignier, joueuse de Flacé-Macon. « Nous n’étions pas très physiques et nos petits gabarits étaient souvent un handicap. Heureusement nous compensions avec la technique. Ce match était également une préparation pour aller jouer la Coupe du monde au Mexique» (compétition organisée par la Fédération Internationale du Football Féminin (FIEFF), basée à Turin, dissidente de la FIFA).
Mais à l'issue de la rencontre, Pierre Geoffroy annonça que cette rencontre leur permettait de se qualifier pour le Mexique, alors qu'un représentant de la Fédération Internationale de Football Féminin était venu spécialement d'Italie. « Le plus incroyable à l’époque, c’est que nous avons appris après cette victoire contre les Néerlandaises que ce succès nous qualifiait directement pour notre première Coupe du Monde au Mexique !”.»
Quand à la première buteuse d'un match reconnu par la FFF, Jocelyne Ratignier se remémorait un bref souvenir dans le livre "La Grande Histoire des Bleues" de Claire Gaillard « J'ai des images assez parcellaires de ce match. J'étais dans un état de très grande concentration avant la rencontre, pendant le trajet et évidemment sur le terrain. Mais je ne me souviens que d'un seul but ; je ne sais d'ailleurs pas lequel, c'est étrange !».
En ce mois d’avril 1971 où les attendent les Néerlandaises, comme toujours, les filles se rendent en bus dans le Nord de la France. Colette Guyard s'était aussi remémorée ce match en 2011 « J’avais à peine dix-huit ans. L’ambiance dans le car était toujours très conviviale. On chantait des chansons un peu paillardes, on jouait à la belote, on se racontait des histoires et au retour, le bus s’arrêtait dans la ferme de mes parents et toutes les filles descendaient pour manger. C’était la fête. » De ce match face aux Pays-Bas disputé dans le froid durant 70 minutes et devant 1500 spectateurs, elle se souvient de la large victoire de la France (4-0), en maillot blanc, et du triplé de Jocelyne Ratignier, joueuse de Flacé-Macon. « Nous n’étions pas très physiques et nos petits gabarits étaient souvent un handicap. Heureusement nous compensions avec la technique. Ce match était également une préparation pour aller jouer la Coupe du monde au Mexique» (compétition organisée par la Fédération Internationale du Football Féminin (FIEFF), basée à Turin, dissidente de la FIFA).
Mais à l'issue de la rencontre, Pierre Geoffroy annonça que cette rencontre leur permettait de se qualifier pour le Mexique, alors qu'un représentant de la Fédération Internationale de Football Féminin était venu spécialement d'Italie. « Le plus incroyable à l’époque, c’est que nous avons appris après cette victoire contre les Néerlandaises que ce succès nous qualifiait directement pour notre première Coupe du Monde au Mexique !”.»
Quand à la première buteuse d'un match reconnu par la FFF, Jocelyne Ratignier se remémorait un bref souvenir dans le livre "La Grande Histoire des Bleues" de Claire Gaillard « J'ai des images assez parcellaires de ce match. J'étais dans un état de très grande concentration avant la rencontre, pendant le trajet et évidemment sur le terrain. Mais je ne me souviens que d'un seul but ; je ne sais d'ailleurs pas lequel, c'est étrange !».
Le onze de départ à Hazebrouck
Sur le banc de l’équipe de France de cette époque Pierre Geoffroy, décédé en 1994, a marqué l’histoire du foot féminin français. Ou plutôt « Monsieur » Geoffroy comme l’appellent encore toutes les joueuses. Journaliste au quotidien L’Union, Pierre Geoffroy, épaulé dans les taches administratives par Louis Petitot, fut le moteur de la renaissance du football féminin en France. Par une petite annonce, il recruta suffisamment de filles pour monter une équipe sous les couleurs du Stade de Reims. Le football féminin pouvait alors entamer son développement. « Il mériterait une statue, lâche sans hésiter Marie-Louise Butzig. C’est lui qui a fait revivre le foot féminin en France. C’était un très très grand monsieur et j’en garderai un souvenir éternel. »
Avec le Stade de Reims qui formait alors l’essentiel de l’équipe de France, il portera le foot féminin à travers le monde. « Toutes nos vacances étaient consacrées au foot, rappelle Ghislaine Royer-Souef. Ce sport nous a offert une incroyable ouverture sur le monde. En 1971, nous avons joué au stade Aztèque de Mexico devant 60000 personnes. Nous sommes aussi parties en tournée à Taiwan (1978), aux Etats-Unis et au Canada (1970), aux Antilles (1974) et même en Indonésie (1984). D’ailleurs, les Américaines ont découvert le foot grâce à nous, quand nous avons effectué une tournée là-bas avec le Stade de Reims et l’AS Roma. » Pas toujours évident pourtant à cette époque de consacrer beaucoup de temps au football, pratique loin, très loin même, d’être entrer dans les mœurs pour les femmes.
Avec le Stade de Reims qui formait alors l’essentiel de l’équipe de France, il portera le foot féminin à travers le monde. « Toutes nos vacances étaient consacrées au foot, rappelle Ghislaine Royer-Souef. Ce sport nous a offert une incroyable ouverture sur le monde. En 1971, nous avons joué au stade Aztèque de Mexico devant 60000 personnes. Nous sommes aussi parties en tournée à Taiwan (1978), aux Etats-Unis et au Canada (1970), aux Antilles (1974) et même en Indonésie (1984). D’ailleurs, les Américaines ont découvert le foot grâce à nous, quand nous avons effectué une tournée là-bas avec le Stade de Reims et l’AS Roma. » Pas toujours évident pourtant à cette époque de consacrer beaucoup de temps au football, pratique loin, très loin même, d’être entrer dans les mœurs pour les femmes.
Michèle Monier, la première capitaine
Cinquante ans plus tard, l’équipe de France est devenue une nation référente. Petit à petit, le combat de nombreuses femmes, mais aussi d’hommes, a conduit les Bleues vers des sphères bien plus élevées. Qualifiées pour la première fois pour un Championnat d’Europe, en 2001 puis le 16 novembre 2002, au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, devant 23 680 spectateurs enthousiastes et souvent les yeux embués, elles s’offraient leur billet pour leur première Coupe du monde, en 2003, aux Etats-Unis. L’été 2011, la Coupe du Monde en Allemagne a été un accélérateur médiatique avant les premiers JO en 2012.
Samedi 17 avril 1971 - 20h30
FRANCE - PAYS-BAS : 4-0 (2-0)
Hazebrouck (Stade des Sports)
Temps froid - Terrain bon
Spectateurs : 1 500
Arbitre : M. Jonchère
Buts : Jocelyne RATIGNIER 7', 16', 51', Marie-Claire HARANT 60'
FRANCE : Marie-Louise Butzig (Vrigne aux Bois) ; Régine Pourveux (Stade de Reims), Marie-Bernadette Thomas (Stade de Reims), Nicole Mangas (Stade de Reims), Colette Guyard (Sézanne), Betty Goret (Saint-Quentin), Marie-Christine Tschopp (Lyon), Jocelyne Ratignier (Flacé Mâcon), Michèle Monier (Stade de Reims) (cap.), Jocelyne Henry (Stade de Reims), Claudine Dié (Stade de Reims). Entr.: Pierre Geoffroy
Entrées en jeu : Ghislaine Royer (Stade de Reims), Maryse Lesieur (Stade de Reims), Marie-Claire Harant (Stade de Reims), Nadine Juillard (Stade de Reims), Chantal Serre (Stade de Reims),
*Selon les archives retrouvées, les sources divergent sur les joueuses ayant pris part à la rencontre
FRANCE - PAYS-BAS : 4-0 (2-0)
Hazebrouck (Stade des Sports)
Temps froid - Terrain bon
Spectateurs : 1 500
Arbitre : M. Jonchère
Buts : Jocelyne RATIGNIER 7', 16', 51', Marie-Claire HARANT 60'
FRANCE : Marie-Louise Butzig (Vrigne aux Bois) ; Régine Pourveux (Stade de Reims), Marie-Bernadette Thomas (Stade de Reims), Nicole Mangas (Stade de Reims), Colette Guyard (Sézanne), Betty Goret (Saint-Quentin), Marie-Christine Tschopp (Lyon), Jocelyne Ratignier (Flacé Mâcon), Michèle Monier (Stade de Reims) (cap.), Jocelyne Henry (Stade de Reims), Claudine Dié (Stade de Reims). Entr.: Pierre Geoffroy
Entrées en jeu : Ghislaine Royer (Stade de Reims), Maryse Lesieur (Stade de Reims), Marie-Claire Harant (Stade de Reims), Nadine Juillard (Stade de Reims), Chantal Serre (Stade de Reims),
*Selon les archives retrouvées, les sources divergent sur les joueuses ayant pris part à la rencontre
Le match
Lors de cette rencontre, la supériorité tricolore fut flagrante. Les Hollandaises ne franchirent qu'à de rares occasions le milieu de terrain par Van Hoof laissant ainsi Marie-Louise Butzig tranquille en dehors d'une intervention dans chaque période. Deux frappes lointaines de l'ailière mâconnaise Jocelyne Ratignier trompèrent la gardienne Alregtjen (7e, 16e). Jocelyne Henry trouva ensuite la transversale. Jocelyne Ratignier s'offrait un triplé en reprenant une balle repoussée par la défense après un bon travail de Lesieur (3-0, 51'). Quelques minutes plus tard, Marie-Claire Harant clôtura la marque.