Le Sommer à terre (photo FFF.fr)
Un éternel recommencent, l'une des meilleures joueuses face au Canada ne parvenait en définir la cause il y a un mois : "Si on échoue toujours à la dernière marche, c’est qu’il y a une raison. Que manque-t-il ? C’est le plus dur à savoir" déclarait après match Amandine Henry. Mais trouver une seule cause de cette élimination serait bien trop réducteur. Les Françaises ont pêché face à un adversaire vaillant, moins technique mais plus agressif et qui a su tirer le meilleur de lui-même. D'autres points sont revenus dans les débats de ce tableau noir. Retrouvez les éléments point par point.
Le jeu français
Le jeu proposé par les Bleues avait perdu de sa saveur avec une équipe qui gagnait la saison écoulée toujours face à des nations mineures mais sans fournir un jeu agréable et à hauteur des attentes. Celui qui avait valu aux Françaises cette réputation depuis quelques saisons s'était envolé. Le désormais ex-sélectionneur Philippe Bergerôo n'avait pas su impulser à son équipe des schémas de jeu permettant de se défaire de situation comme celle qui s'est présentée face au Canada avec des équipes défensives et physiques. Elise Bussaglia faisait état mais sans non plus expliquer l'incapacité à résoudre ce problème : "Elles nous ont empêchées de jouer, elles défendaient bien en bloc dans l'axe. Il fallait passer par les côtés mais on ne l'a pas suffisamment fait". L'entraîneur stéphanois Hervé Didier évoque aussi ce jeu stéréotypé des Bleues : "J'ai trouvé qu'elles ont manqué de jus, ne pouvaient pas changer de rythme, que c'était un jeu stéréotypé. C'était bien léché avec de bonnes choses mais on ne déséquilibrait pas l'équipe adverse". L'absence d'une réelle créatrice a manqué à l'équipe pour justement parvenir à changer de rythme.
Le jeu proposé par les Bleues avait perdu de sa saveur avec une équipe qui gagnait la saison écoulée toujours face à des nations mineures mais sans fournir un jeu agréable et à hauteur des attentes. Celui qui avait valu aux Françaises cette réputation depuis quelques saisons s'était envolé. Le désormais ex-sélectionneur Philippe Bergerôo n'avait pas su impulser à son équipe des schémas de jeu permettant de se défaire de situation comme celle qui s'est présentée face au Canada avec des équipes défensives et physiques. Elise Bussaglia faisait état mais sans non plus expliquer l'incapacité à résoudre ce problème : "Elles nous ont empêchées de jouer, elles défendaient bien en bloc dans l'axe. Il fallait passer par les côtés mais on ne l'a pas suffisamment fait". L'entraîneur stéphanois Hervé Didier évoque aussi ce jeu stéréotypé des Bleues : "J'ai trouvé qu'elles ont manqué de jus, ne pouvaient pas changer de rythme, que c'était un jeu stéréotypé. C'était bien léché avec de bonnes choses mais on ne déséquilibrait pas l'équipe adverse". L'absence d'une réelle créatrice a manqué à l'équipe pour justement parvenir à changer de rythme.
"Le fait d'avoir des moyens ne suffit pas"
Henry apportera sa nouvelle expérience américaine (photo FFF.fr)
Le potentiel français
La France a de bonnes joueuses mais cette "génération dorée" n'a toujours pas vu le moindre podium. Abily apporte avec lucidité cette différence entre une équipe qui ne gagne pas et celle qui va au succès : "On dit tout le temps qu'on est une génération dorée mais peut-être qu'au final, nous sommes de bonnes joueuses et pas de très grandes. Les très bonnes joueuses font gagner leurs équipes". Sa capitaine Wendie Renard qui n'avait pas réagi à chaud est revenue depuis sur cette élimination : "On a fait un match indigne d'un quart de finale des JO. Encore une fois, c'est très frustrant, on a beau dire, on a les meilleures qualités, si on ne le démontre pas sur le terrain, on ne peut pas gagner des titres". L'entraîneur parisien Patrice Lair ne doute pas de la capacité de la France a y parvenir mais s'impatiente : "Ça fait six ans que l'on attend un titre, on ne l'a toujours pas, on n'a pas de médaille. Il faut tout que le monde s'accroche pour y arriver, il faut mettre la meilleure équipe possible pour y parvenir. On va y arriver." Son homologue stéphanois évoque aussi l'humilité à avoir au moment d'aborder ces rendez-vous : "Je pense qu'il y avait des moyens de faire un peu mieux que ça. En foot, il faut rester humble aussi. Le fait d'avoir d'autres moyens ne suffit pas à concurrencer les équipes de haut niveau".
La France a de bonnes joueuses mais cette "génération dorée" n'a toujours pas vu le moindre podium. Abily apporte avec lucidité cette différence entre une équipe qui ne gagne pas et celle qui va au succès : "On dit tout le temps qu'on est une génération dorée mais peut-être qu'au final, nous sommes de bonnes joueuses et pas de très grandes. Les très bonnes joueuses font gagner leurs équipes". Sa capitaine Wendie Renard qui n'avait pas réagi à chaud est revenue depuis sur cette élimination : "On a fait un match indigne d'un quart de finale des JO. Encore une fois, c'est très frustrant, on a beau dire, on a les meilleures qualités, si on ne le démontre pas sur le terrain, on ne peut pas gagner des titres". L'entraîneur parisien Patrice Lair ne doute pas de la capacité de la France a y parvenir mais s'impatiente : "Ça fait six ans que l'on attend un titre, on ne l'a toujours pas, on n'a pas de médaille. Il faut tout que le monde s'accroche pour y arriver, il faut mettre la meilleure équipe possible pour y parvenir. On va y arriver." Son homologue stéphanois évoque aussi l'humilité à avoir au moment d'aborder ces rendez-vous : "Je pense qu'il y avait des moyens de faire un peu mieux que ça. En foot, il faut rester humble aussi. Le fait d'avoir d'autres moyens ne suffit pas à concurrencer les équipes de haut niveau".
Aujourd'hui si Lyon regroupe une grande partie de la sélection tricolore, le choix des attaquantes reste restreint. Ainsi Le Sommer, cadenassée et mis à mal contre le Canada, peu d'alternatives se sont présentées en l'absence de profondeur de banc dans ce domaine. Si Thiney aurait pu avoir ce profil, il a fallu se résigner à voir la France jouer de longs ballons sans succès. Les attaquantes expérimentées, la France en manque et les meilleures buteuses des derniers championnats sont d'ailleurs étrangères : Ada Hegerberg, Lotta Schelin, Cristiane... Sarah M'Barek reconnait un manque dans ce domaine en France : "C'est difficile de compter sur une seule joueuse. On est un cran en dessous physiquement. On n'a pas des attaquantes assez méchantes". Si de jeunes joueuses pourraient percer d'ici 2019 avec notamment les générations 1996, 1997 et 1998, il faut rester prudent selon Patrice Lair : "Il faudra remplacer les joueuses actuelles, mais les remplacer par qui ? Aujourd'hui je ne suis sûr que l'on ait des joueuses mûres pour passer ce cap", allant même à douter aujourd'hui de la capacité à trouver rapidement des remplaçantes à certaines trentenaires : "Cela va être compliqué de retrouver des joueuses de ce calibre".
"La Suède et l'Allemagne avaient des titulaires du championnat"
Les faits extérieurs
L'Uruguayenne Claudia Umpierrez faisait partie des actrices de la rencontre perdue face au Canada, et elle a aussi eu son rôle à jouer dans ce match. Les Canadiennes avaient multiplié les fautes dans ce match (17 sifflées) alors qu'elles en avaient totalisé 28 en trois matchs de groupe (9 contre l'Allemagne et l'Australie, 10 contre le Zimbabwe). 17 sifflées auxquelles il conviendrait d'ajouter les deux sur Le Sommer, non sanctionnées dans la surface (10e, 21e) qui auraient permis d'obtenir deux penalties. En menant au score, le match n'aurait en aucun cas eu la même physionomie. Lucide, Henry déclarait cependant après match "Tout remettre sur l’arbitre serait trop facile, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes". L'entraîneur montpelliérain tient aussi à rappeler aussi que parfois tout ne tourne pas en faveur de l'équipe : "Dans le sport, il y a toujours des facteurs que l'on maîtrise pas, le facteur réussite". La finale de Coupe de France 2016 illustre son propos : "Sur un match sec, ce n'est pas toujours le meilleur qui passe. On voit en finale de Coupe de France, aux tirs au but, on aurait pu remporter la Coupe". Et dans ce cas, c'est en provoquant la réussite qu'on peut espérer l'obtenir.
Le niveau du championnat
A chaque occasion, le niveau du championnat et sa compétitivité reviennent à l'ordre du jour. L'Olympique Lyonnais domine le jeu et la culture de la gagne en devient presque trop facile. Seules quelques rencontres seraient dignes d'intérêt. De quoi faire réagir Hervé Didier, l'entraîneur de Saint-Etienne, qui n'est pas de cet avis : "Ce qui m'embête le plus, c'est d'entendre dire que cela vient du championnat de France qui n'est pas à la hauteur. Je ne suis pas d'accord avec ça, si on regarde les finalistes. Il y a sept ou huit filles d'Allemagne ou de Suède qui ont été titulaires et qui font parties du championnat de France. Ces filles-là n'ont pas été empêchées d'être en finale. Je ne pense que cela soit l'argument principal de cette contre-performance". Si le championnat continue à progresser d'années en années, le regroupement des joueuses dans quelques équipes ne permet pas de résoudre ce problème. Le potentiel de joueuses augmente au fil des saisons mais n'est pas encore suffisant pour apporter une compétition homogène.
L'Uruguayenne Claudia Umpierrez faisait partie des actrices de la rencontre perdue face au Canada, et elle a aussi eu son rôle à jouer dans ce match. Les Canadiennes avaient multiplié les fautes dans ce match (17 sifflées) alors qu'elles en avaient totalisé 28 en trois matchs de groupe (9 contre l'Allemagne et l'Australie, 10 contre le Zimbabwe). 17 sifflées auxquelles il conviendrait d'ajouter les deux sur Le Sommer, non sanctionnées dans la surface (10e, 21e) qui auraient permis d'obtenir deux penalties. En menant au score, le match n'aurait en aucun cas eu la même physionomie. Lucide, Henry déclarait cependant après match "Tout remettre sur l’arbitre serait trop facile, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes". L'entraîneur montpelliérain tient aussi à rappeler aussi que parfois tout ne tourne pas en faveur de l'équipe : "Dans le sport, il y a toujours des facteurs que l'on maîtrise pas, le facteur réussite". La finale de Coupe de France 2016 illustre son propos : "Sur un match sec, ce n'est pas toujours le meilleur qui passe. On voit en finale de Coupe de France, aux tirs au but, on aurait pu remporter la Coupe". Et dans ce cas, c'est en provoquant la réussite qu'on peut espérer l'obtenir.
Le niveau du championnat
A chaque occasion, le niveau du championnat et sa compétitivité reviennent à l'ordre du jour. L'Olympique Lyonnais domine le jeu et la culture de la gagne en devient presque trop facile. Seules quelques rencontres seraient dignes d'intérêt. De quoi faire réagir Hervé Didier, l'entraîneur de Saint-Etienne, qui n'est pas de cet avis : "Ce qui m'embête le plus, c'est d'entendre dire que cela vient du championnat de France qui n'est pas à la hauteur. Je ne suis pas d'accord avec ça, si on regarde les finalistes. Il y a sept ou huit filles d'Allemagne ou de Suède qui ont été titulaires et qui font parties du championnat de France. Ces filles-là n'ont pas été empêchées d'être en finale. Je ne pense que cela soit l'argument principal de cette contre-performance". Si le championnat continue à progresser d'années en années, le regroupement des joueuses dans quelques équipes ne permet pas de résoudre ce problème. Le potentiel de joueuses augmente au fil des saisons mais n'est pas encore suffisant pour apporter une compétition homogène.
"Quelque chose qui ne va pas"
Le mental, sujet de discorde ?
Le mental
"Apathique", le "mental faillible", le "manque de révolte" sont revenus en boucle depuis un mois. Un aspect mental que le sélectionneur mettait en avant pour justifier cette défaite : "Après le but, il fallait continuer à jouer, garder notre lucidité. Cette génération aura payé ses problèmes de mental". Des propos qui ne sont pas passés inaperçus et qui ont précipité le changement de sélectionneur. La présidente de Juvisy, Marie-Christine Terroni, interrogée fin août, ironisait "Quelque part, M. Bergerôo n'avait pas tort de dire qu'elles n'avaient peut-être pas le mental. Mais il s'est désolidarisé du groupe en faisant cela. Mais il n'a pas tort. Il faut gagner sa place dans tous les sens du terme".
Gérard Prêcheur, auteur du triplé avec l'OL, a aussi été parmi ceux qui ont réagi : "Je n’exprime pas sur les Bleues mais il y a des choses qui m’ont interpellé. Contre Montpellier, en finale de la Coupe, on l’emporte alors qu’on était mené. En finale de Ligue des champions, on prend un but à cinq minutes de la fin mais on s’impose aux tirs au but. Non franchement, on ne peut pas dire que les Lyonnaises n’ont pas de mental". Patrice Lair n'explique pas non plus cette différence entre les résultats en club et en sélection : "On arrive dans les clubs à gagner. Comment ne peut-on pas trouver les forces en équipe nationale ? Il y a quelque chose qui bloque, qui ne va pas".
L'entraîneur de Rodez, Sébastien Joseph parle de "ce petit quelque chose au niveau de l'état d'esprit" avant d'ajouter "Elles n'arrivent pas forcément à se transcender". Son homologue guingampaise, Sarah M'Barek, évoque un mal français : "A mon sens, il manque quelque chose dans l'état d'esprit, dans la mentalité, dans le fait d'aborder les grandes compétitions dans les phases finales. C'est général dans le sport français. Il y a quelque chose que l'on n'a pas. Aller chercher au fond de soi-même, se faire mal comme le font les pays nordiques qui depuis petit ont ça".
"Apathique", le "mental faillible", le "manque de révolte" sont revenus en boucle depuis un mois. Un aspect mental que le sélectionneur mettait en avant pour justifier cette défaite : "Après le but, il fallait continuer à jouer, garder notre lucidité. Cette génération aura payé ses problèmes de mental". Des propos qui ne sont pas passés inaperçus et qui ont précipité le changement de sélectionneur. La présidente de Juvisy, Marie-Christine Terroni, interrogée fin août, ironisait "Quelque part, M. Bergerôo n'avait pas tort de dire qu'elles n'avaient peut-être pas le mental. Mais il s'est désolidarisé du groupe en faisant cela. Mais il n'a pas tort. Il faut gagner sa place dans tous les sens du terme".
Gérard Prêcheur, auteur du triplé avec l'OL, a aussi été parmi ceux qui ont réagi : "Je n’exprime pas sur les Bleues mais il y a des choses qui m’ont interpellé. Contre Montpellier, en finale de la Coupe, on l’emporte alors qu’on était mené. En finale de Ligue des champions, on prend un but à cinq minutes de la fin mais on s’impose aux tirs au but. Non franchement, on ne peut pas dire que les Lyonnaises n’ont pas de mental". Patrice Lair n'explique pas non plus cette différence entre les résultats en club et en sélection : "On arrive dans les clubs à gagner. Comment ne peut-on pas trouver les forces en équipe nationale ? Il y a quelque chose qui bloque, qui ne va pas".
L'entraîneur de Rodez, Sébastien Joseph parle de "ce petit quelque chose au niveau de l'état d'esprit" avant d'ajouter "Elles n'arrivent pas forcément à se transcender". Son homologue guingampaise, Sarah M'Barek, évoque un mal français : "A mon sens, il manque quelque chose dans l'état d'esprit, dans la mentalité, dans le fait d'aborder les grandes compétitions dans les phases finales. C'est général dans le sport français. Il y a quelque chose que l'on n'a pas. Aller chercher au fond de soi-même, se faire mal comme le font les pays nordiques qui depuis petit ont ça".
Obligation de résultat en 2019
Et maintenant
La nomination d'un nouveau sélectionneur et d'un nouveau staff va permettre d'apporter un nouveau regard à cette équipe alors que l'Euro 2017 est dans moins d'un an et que les Bleues devront ensuite préparer une Coupe du Monde sur leur sol. Il faudra y intégrer les jeunes qui sont pour certaines dans une dynamique de titre depuis trois à quatre ans. Pour l'entraîneur de Montpellier, Jean-Louis Saez, "le point culminant sera dans trois ans" ajoutant "on fait partie des meilleures nations, il faut pour le moment se contenter de ça. Il y a de bonnes joueuses. Si on devait gagner, c'est bien qu'on le fasse en 2019". Mais organiser impose des devoirs pour Sébastien Joseph, l'entraîneur de Rodez : "La Coupe du Monde 2019 nécessitera une obligation de résultat pour que ce soit une réussite".
Propos recueillis par Sébastien Duret, avec CG
La nomination d'un nouveau sélectionneur et d'un nouveau staff va permettre d'apporter un nouveau regard à cette équipe alors que l'Euro 2017 est dans moins d'un an et que les Bleues devront ensuite préparer une Coupe du Monde sur leur sol. Il faudra y intégrer les jeunes qui sont pour certaines dans une dynamique de titre depuis trois à quatre ans. Pour l'entraîneur de Montpellier, Jean-Louis Saez, "le point culminant sera dans trois ans" ajoutant "on fait partie des meilleures nations, il faut pour le moment se contenter de ça. Il y a de bonnes joueuses. Si on devait gagner, c'est bien qu'on le fasse en 2019". Mais organiser impose des devoirs pour Sébastien Joseph, l'entraîneur de Rodez : "La Coupe du Monde 2019 nécessitera une obligation de résultat pour que ce soit une réussite".
Propos recueillis par Sébastien Duret, avec CG