Photo Frédérique Grando
Q: Qu'est-ce qui vous pousse à prendre la parole, huit mois après l'élimination en quart de finale du Mondial-2019 contre les États-Unis (2-1)?
R: "Cette Coupe du monde a été une déception. On a envie de gagner des titres et de répondre présentes dans les rendez-vous, et aujourd'hui ce n'est pas le cas. Pour les joueuses c'est une grosse frustration puisqu'il y a une grande remise en question quotidienne. A chaque fois on échoue et on a l'impression que l'approche reste la même."
Q: Est-ce que le problème vient de la sélectionneuse Corinne Diacre
R: "Je ne suis pas là pour me battre contre qui que ce soit. La faute est surtout partagée. Ca fait huit ans qu'on n'a pas été en demi-finale d'une grande compétition. On a la chance d'avoir une Fédération avec une vraie volonté politique, des moyens financiers pour qu'on réussisse et ça ne marche pas. Il faut surtout moderniser l'approche, être plus visionnaire et encore plus impliqué dans la haute performance qui repose sur trois piliers: manager les personnalités, développer le leadership et se rendre compte que les joueuses sont dépositaires d'un savoir primordial pour la performance."
Q: Ce n'est pas le cas actuellement?
R: "Quand on dit qu'on est à un but des États-Unis, ce n'est pas vrai, on est à des années d'elles. La performance repose sur des principes de respect, de +bien jouer+ ensemble, de bien-être ensemble, sur lesquels on doit progresser à tout prix. Il faut co-construire un projet en responsabilisant les joueuses. Quand on entre sur le terrain, on doit être galvanisées, avoir un groupe qui se développe, prend en maturité. Aujourd'hui, les joueuses ne s'expriment pas à la hauteur de leur potentiel."
R: "Cette Coupe du monde a été une déception. On a envie de gagner des titres et de répondre présentes dans les rendez-vous, et aujourd'hui ce n'est pas le cas. Pour les joueuses c'est une grosse frustration puisqu'il y a une grande remise en question quotidienne. A chaque fois on échoue et on a l'impression que l'approche reste la même."
Q: Est-ce que le problème vient de la sélectionneuse Corinne Diacre
R: "Je ne suis pas là pour me battre contre qui que ce soit. La faute est surtout partagée. Ca fait huit ans qu'on n'a pas été en demi-finale d'une grande compétition. On a la chance d'avoir une Fédération avec une vraie volonté politique, des moyens financiers pour qu'on réussisse et ça ne marche pas. Il faut surtout moderniser l'approche, être plus visionnaire et encore plus impliqué dans la haute performance qui repose sur trois piliers: manager les personnalités, développer le leadership et se rendre compte que les joueuses sont dépositaires d'un savoir primordial pour la performance."
Q: Ce n'est pas le cas actuellement?
R: "Quand on dit qu'on est à un but des États-Unis, ce n'est pas vrai, on est à des années d'elles. La performance repose sur des principes de respect, de +bien jouer+ ensemble, de bien-être ensemble, sur lesquels on doit progresser à tout prix. Il faut co-construire un projet en responsabilisant les joueuses. Quand on entre sur le terrain, on doit être galvanisées, avoir un groupe qui se développe, prend en maturité. Aujourd'hui, les joueuses ne s'expriment pas à la hauteur de leur potentiel."
"Les joueuses ne s'expriment pas à la hauteur de leur potentiel"
Q: Parce qu'elles sont freinées dans leur expression?
R: "La Coupe du monde, pour nous, c'est du gâchis. On n'a pas réussi à exprimer le potentiel qu'on avait et, au-delà, à le valoriser par l'énergie donnée par le public. C'est une vraie frustration. Je suis conseillère technique à la Fédération, joueuse de l'équipe de France, mon devoir c'est de faire ce qu'il y a de mieux pour l'équipe. (...) Il faut que tout le monde se remette en question. Mais l'encadrement ne peut pas faire supporter aux joueuses ce qu'on a oublié de faire ensemble."
Q: Vos propos semblent cibler clairement le staff actuel...
R: "C'est difficile de faire cette interview, la limite entre détruire et construire est très fragile. Et ma volonté est réelle de construire. Je ne peux pas léguer à la nouvelle génération un système, une approche, sans dire qu'il faut la moderniser. C'est mon devoir. On a la chance d'être dans une Fédération qui réussit avec les garçons. Didier Deschamps est surtout un meneur d'hommes qui sait manager des personnalités, développer du leadership. Évidemment des fois il doit y avoir des couacs, mais on doit s'inspirer de sa communication, de son management."
Q: Le sélectionneur des Bleus est-il l'antithèse de Diacre?
R: "Ce qui est sûr, c'est qu'il protège ses joueurs, il les aime, il les emmène, il les fédère. Corinne Diacre ou d'autres - mon discours n'est pas anti-Corinne Diacre, je vois au-delà - doivent s'inspirer de cela. En tout cas, le football féminin a besoin d'avancer sur ces points-là, sinon on ne réussira jamais."
R: "La Coupe du monde, pour nous, c'est du gâchis. On n'a pas réussi à exprimer le potentiel qu'on avait et, au-delà, à le valoriser par l'énergie donnée par le public. C'est une vraie frustration. Je suis conseillère technique à la Fédération, joueuse de l'équipe de France, mon devoir c'est de faire ce qu'il y a de mieux pour l'équipe. (...) Il faut que tout le monde se remette en question. Mais l'encadrement ne peut pas faire supporter aux joueuses ce qu'on a oublié de faire ensemble."
Q: Vos propos semblent cibler clairement le staff actuel...
R: "C'est difficile de faire cette interview, la limite entre détruire et construire est très fragile. Et ma volonté est réelle de construire. Je ne peux pas léguer à la nouvelle génération un système, une approche, sans dire qu'il faut la moderniser. C'est mon devoir. On a la chance d'être dans une Fédération qui réussit avec les garçons. Didier Deschamps est surtout un meneur d'hommes qui sait manager des personnalités, développer du leadership. Évidemment des fois il doit y avoir des couacs, mais on doit s'inspirer de sa communication, de son management."
Q: Le sélectionneur des Bleus est-il l'antithèse de Diacre?
R: "Ce qui est sûr, c'est qu'il protège ses joueurs, il les aime, il les emmène, il les fédère. Corinne Diacre ou d'autres - mon discours n'est pas anti-Corinne Diacre, je vois au-delà - doivent s'inspirer de cela. En tout cas, le football féminin a besoin d'avancer sur ces points-là, sinon on ne réussira jamais."
"Ça fait quatre ans que je ne m'exprime pas et j'en souffre"
Q: Êtes-vous consciente que cet entretien met en danger votre avenir en sélection?
R: "Oui, j'ai mesuré les risques mais dans la vie il faut en prendre, être engagée. On peut toutes faire de la langue de bois, mais ça n'avancera pas. Pourquoi je le fais médiatiquement? Parce qu'on est souvent plus écoutées. Ça fait quatre ans que je ne m'exprime pas et j'en souffre."
Q: Êtes-vous préparée à d'éventuelles réactions hostiles dans la presse ou les réseaux sociaux?
R: "En même temps, quelles conséquences ça peut avoir d'exprimer mon amour pour l'équipe et de dire que j'aimerais juste qu'on gagne, qu'on soit encore meilleures? Qu'on doive s'appuyer sur les méthodes utilisées chez les garçons, avec une Fédération mêlant volonté politique et moyens financiers pour qu'on réussisse? Je ne dis pas grand-chose de mal."
Propos recueillis par Jérémy TALBOT (source AFP.fr)
R: "Oui, j'ai mesuré les risques mais dans la vie il faut en prendre, être engagée. On peut toutes faire de la langue de bois, mais ça n'avancera pas. Pourquoi je le fais médiatiquement? Parce qu'on est souvent plus écoutées. Ça fait quatre ans que je ne m'exprime pas et j'en souffre."
Q: Êtes-vous préparée à d'éventuelles réactions hostiles dans la presse ou les réseaux sociaux?
R: "En même temps, quelles conséquences ça peut avoir d'exprimer mon amour pour l'équipe et de dire que j'aimerais juste qu'on gagne, qu'on soit encore meilleures? Qu'on doive s'appuyer sur les méthodes utilisées chez les garçons, avec une Fédération mêlant volonté politique et moyens financiers pour qu'on réussisse? Je ne dis pas grand-chose de mal."
Propos recueillis par Jérémy TALBOT (source AFP.fr)