Bleues - Kheira HAMRAOUI : "Il faut que je travaille plus !"

Dans un match capital contre l'Olympique Lyonnais pour le Paris Saint Germain, Farid Benstiti avait aligné un milieu récupérateur inattendu composé de Kheira Hamraoui et de Caroline Pizzala. Une confirmation réfléchie de la part de Farid Benstiti. Comment le penser autrement quand on nomme une joueuse titulaire contre l'Olympique lyonnais, à Gerland, pour un match capital qui est devenu historique (victoire 0-1 du PSG).



La Nordiste est arrivée au PSG en 2012, pour se rapprocher de sa famille...
Depuis, elle ne quitte plus l'équipe. Prendre une place comme titulaire au Paris Saint Germain, deuxième du championnat de France. Ce n'est pas rien. C'est une performance.
Lesfeminines.fr a voulu s’intéresser à la performance de cette joueuse. Le but d'une compétitrice étant de s'améliorer. Elle s'est améliorée. Quel est son sentiment sur cela ? Son objectif ? Son potentiel d'évolution ?

Un parcours initial sans grand effort.
Kheira (24 ans) a un parcours identifié dans le football féminin, passant par Clairefontaine, Hénin-Beaumont et quatre saisons à Saint-Etienne où elle reconnait n'avoir rien fait pour améliorer son potentiel. Avoir ce qu'elle appelle maintenant "un mauvais esprit". Elle signe pour le Paris Saint Germain, en 2012-2013 « sans savoir que cela allait être professionnel, pour me rapprocher de ma famille lilloise. Le professionnalisme, cela allait être une chance pour moi ». Farid Benstiti la trouve donc dans ses bagages, à l'arrivée, et note « une joueuse au potentiel énorme qui a dû prendre conscience des exigences du haut niveau et qu' il a fallu remettre à niveau, ... cela a dû prendre quasiment un an ».

Des qualités rares qui sont devenus certainement des défauts.
Kheira, qu'Aurélie Kaci chahute à la fin de l'entraînement, accompagnée de Shirley Cruz et Caroline Pizzala, est effectivement une grande. Un physique rare en France. La plus grande de l'effectif du PSG (177, 66 kgs) et certainement la plus puissante. Cette différence en fait sa force. Elle a certainement été sa faiblesse. Jouant de sa facilité « j'ai des qualités techniques de jeu et de passes et je suis présente à l'impact » ; elle reconnaît avoir joué à 30 % de ses capacités à Saint-Etienne, n'ayant pas à se forcer pour gagner sa place à l'entraînement et en match. Placée en 10, elle se contentait de ce que son environnement lui proposait. Jouer en D1 lui suffisait.

Un changement radical sur le plan mental

Avec ses 1m77, Kheira est la plus grande de l'effectif du PSG (source : FFF)
Un changement radical qui a pris son temps pour s'exprimer
Aujourd'hui, tout cela est fini. "Je dois gagner ma place à l'entraînement tous les jours" et pour cela, elle a surtout changé sur le plan mental, se forçant à s'améliorer. « avant, quand je perdais un ballon, je me laissais aller. Maintenant c'est fini tout cela !" Passant des mots aux actes, elle a changé totalement sa façon de voir le football. Ce qui lui a été profitable. Preuve est avec la décision prise par Farid de l'aligner comme titulaire face à Lyon (le 1er contre le 2ème), précisant que si ses qualités athlétiques, son mental, son tempérament, et la maîtrise de l'agressivité de son jeu, très bénéfique car replacée comme « joueuse de liaison entre la phase offensive et défensive » …. sa titularisation était avant tout due au mérite.
A la production qu'elle a faite pendant les entraînements, et surtout au Tournoi de Chypre, où elle et Caroline Pizzala ont montré des choses exceptionnelles pour des joueuses non titulaires, mettant l'accent autant « sur l'état d'esprit » que sur la production ; la rendant au sein du Paris Saint Germain, aujourd'hui « titulaire indiscutable ».

Reste l'interrogation. Quand on s'améliore, a-t-on une marge indéfinie de progression ? Où sont les limites ?
Kheira respire la motivation nécessaire à l'amélioration. Notamment, en étant la première critique face à ses capacités. Son premier message est avant tout physique. « il faut que j'améliore ma VMA. Que je tienne plus les matchs. Dans la durée. Il me manque 15, 20 minutes de haut niveau ». Tout d'un coup, Kheira sort de sa « timidité » au quelle Farid ne croit pas .. vraiment pas, dit-il en bougeonnant un peu.
Il y a des évidences qui s'imposent. Kheira, lancée, n'est pas timide. Je veux bien le croire. Et quand je l'interroge sur l'équipe de France, qu'elle a fréquentée en jeunes (8 en U17 ; 9 en U19 ; 6 en U20) et pour France-Angleterre A (2-2) ; sa réponse est claire. « Bien sûr que j'ai l'équipe de France en tête. Il y a des joueuses qui veulent être la meilleure. Et bien, moi aussi, je veux être la meilleure. Et si je suis sélectionnée en équipe de France, c'est que j'aurais réussi. Cela passe par de bonnes performances en club. Moi, je vois cela comme cela ». Le ticket d'entrée en sélection française est haut. Très haut. Alors son mot d'ordre continuel est : « je dois travailler plus ». Farid Benstiti confirme mon sentiment en précisant, qu'un jour, si elle continue, elle sera la meilleure. « C'est une athlète, mais c'est aussi une bonne footballeuse. »
Un profil rare, associant physique et technique, qu'elle est en train d’essayer de maîtriser cet ensemble, de le réguler pour être moins dispersée et plus juste dans son rôle. Le travail de milieu défensif l'obligeant à la discipline qui lui permettra d'évoluer favorablement dans un cadre régulateur. Le professionnalisme a été une chance pour elle. L'obligation l'a rendu meilleure. C'est en lui montrant la voie qu'elle s'améliorera.

William Commegrain/lesfeminines.fr

Kheira Hamraoui digest
Né le 13 janvier 1990, à Croix.
Poste : milieu de terrain
Parcours : Leers (2004-2006), CNFE (2006-2007), Hénin-Beaumont (2007-2008), ASSE (2008-2012), PSG (depuis 2012).

Jeudi 27 Février 2014
Sebastien Duret