ALLEMAGNE
Après le passage décevant de Steffi Jones sur le banc allemand, Horst Hrubesch a remis l'équipe sur les bons rails lors d'un intérim de huit matchs en 2018, et Martina Voss-Tecklenburg a pris les rênes de la sélection en début d'année avec succès. Elle a dirigé trois matches à peine de la sélection, avec réussite malgré la revue d'effectif et les différentes dispositions tactiques expérimentées puisqu'elle a remporté ses deux premières rencontres face à la France et la Suède, avant de concéder le match nul face au Japon suite à deux grosses erreurs de sa gardienne Almuth Schult, qui n'est pas en grande forme. A l'heure actuelle, elle n'est pas un atout pour l'équipe qui a pourtant retrouvé de belles couleurs. Malgré le peu de temps passé à la tête de la sélection et le rendez-vous estival qui approche rapidement, Martina Voss-Tecklenburg n'a pas hésité à intégrer plusieurs jeunes talents (Sydney Lohmann, Lena Oberdorf, Klara Bühl, Janina Hechler) qui permettent d'entrevoir déjà un bel avenir pour la sélection, de retour sur le devant de la scène.
ANGLETERRE
Son retour au premier plan avait été peut-être plus rapide que prévu avec son podium lors de la dernière Coupe du monde. Mais depuis, la sélection a confirmé, que ce soit sous la direction de Mark Sampson ou son actuel sélectionneur Phil Neville, et s'affiche aujourd'hui comme un candidat solide au titre mondial, malgré des performances parfois décevantes comme face à la Suède fin 2018 (0-2) ou le Canada cette année (1-0). Solide à tous les niveaux, avec une belle profondeur d'effectif, un fighting spirit reconnu et un secteur offensif fourni et de qualité, la sélection anglaise est une des rares à ne pas avoir de point faible visible si ce n'est une tendance à un jeu stéréotypé par moments et une défense dont le niveau peut varier selon les compositions et les absences. Ses victoires depuis le début d'année face à des équipes techniques telles que le Brésil (2-1), le Japon (3-0) ou encore l'Espagne (2-1) montrent également que l'Angleterre a passé un cap dans le jeu.
(photos FIFA.com)
AUSTRALIE
Perturbée par des problèmes en interne et avec la fédération il y a quelques mois, avec un nouveau sélectionneur intérimaire à sa tête, l'Australie est une équipe de haut niveau emmenée par la redoutable Sam Kerr en attaque, où son duo retrouvé avec Caitlin Foord en fait une équipe très dangereuse, mais qui peine cependant à passer à l'étape supérieure pour véritablement faire partie des favoris, notamment à cause d'une défense qui ne donne pas toutes les garanties, et un manque de créativité qui ne lui permet pas de plan B si son jeu physique et dans la profondeur ne fonctionne pas. A l'heure actuelle, l'équipe semble trop limitée pour rêver en grand, mais une Sam Kerr en grande forme peut changer beaucoup de choses. L'équipe a disputé peu de matches amicaux en 2019, mais a tout de même récolté des victoires face à des mondialistes, dont le premier adversaire de la France, la Corée du Sud, largement battue. Son dernier match perdu 3-5 face aux États-Unis a montré ses qualités offensives ainsi que les domaines où lui fallait encore progresser.
BRESIL
Si la Coupe du monde débutait aujourd'hui, comment imaginer le Brésil aller loin dans la compétition ? Depuis août 2018, l'équipe reste sur une triste série de neuf défaites consécutives, loin de ses standards. Certes, le Brésil n'a pas été épargné par les blessures, les tensions avec la fédération, et ces matches, disputés pour la plupart contre des adversaires de premier plan (USA x2, Angleterre x2, France, Japon...), n'ont souvent été perdus qu'avec un but d'écart (six). Le talent individuel des joueuses ne fait aucun doute, mais force est de constater que les résultats ne sont pas là, et qu'ils pourraient être plus sévères sans les nombreux arrêts de ses gardiennes ou l'activité toujours aussi impressionnante de Formiga. Le potentiel reste très important, mais il faut parvenir à convertir les talents individuels en un collectif ambitieux dans le sillage d'une Marta qui reste le danger numéro 1 de la sélection. L'équipe marque trop peu de buts par rapport à son potentiel et aux occasions créées. Il ne reste que peu de temps à Vadao pour lui permettre de retrouver son standing, parce qu'à l'heure actuelle, le Brésil ne fait tout simplement plus peur, et ce n'est pas l'Ecosse, son dernier vainqueur, qui dira le contraire.
CANADA
Depuis début 2019, le Canada est l'antithèse de son voisin nord-américain. L'équipe s'appuie avant tout sur sa défense, qui n'a encaissé qu'un but en sept rencontres (aucune défaite), alors que son attaque peine à se montrer tranchante, avec cinq buts au total. Lors des six premières rencontres de l'année, la sélection canadienne a obtenu trois matches nuls et vierges, et trois victoires sur le plus petit des scores grâce à Christine Sinclair, avec au passage une victoire de prestige face à l'Angleterre. Le double médaillé olympique pourrait créer des surprises, que la compétition se joue aujourd'hui ou dans deux mois si sa solidité défensive se confirme, une bonne base pour voir loin. D'autant plus que malgré son manque d'allant offensif, l'équipe a des joueuses de talent devant qui peuvent marquer à tout moment, à commencer par la légende Sinclair, qui pourrait devenir la buteuse la plus prolifique en sélection lors de la Coupe du monde. Solide et compliqué à jouer –ce n'est pas la France qui dira le contraire-, le Canada est forcément dangereux en compétition, même s'il semble préférer les Jeux olympiques à la Coupe du monde.
ESPAGNE
Il ne fait aucun doute que l'Espagne progresse de façon régulière depuis plusieurs années, mais elle semble encore un peu trop juste pour jouer les premiers rôles en senior comme elle le fait dans les catégories jeunes. L'afflux récent et à venir de jeunes grands talents pourrait lui permettre de vite combler l'écart qui lui manque avec les top nations, notamment dans le secteur offensif (Patri Guijarro, Aitana Bonmati, Mariona Caldentey, Lucia et et Nahikari Garcia...), mais il faut certainement montrer encore un peu de patience. Cela n'empêche pas l'équipe d'obtenir des résultats intéressants, avec des victoires récentes sur les Pays-Bas ou le Brésil, un match nul face à l'Allemagne ou de courtes défaites face aux États-Unis ou encore l'Angleterre. Mais son match nul face à la Belgique et sa défaite face à la Pologne dans l'Algarve montrent que l'équipe est encore assez limitée malgré du talent et du potentiel à tous les étages. Dans tous les cas, l'Espagne est et sera un outsider dangereux. Un déclic peut lui permettre de réaliser une belle performance à court ou moyen terme.
FRANCE
Depuis la rencontrée 2018, l'équipe a obtenu de bons résultats avec huit victoires, notamment face à l'Australie, le Brésil, les États-Unis ou encore le Japon, pour une courte défaite face à l'Allemagne. La France a montré de vrais progrès sous la houlette de Corinne Diacre, passée par des défaites peu rassurantes pour arriver aujourd'hui à ces résultats convaincants. Plus que les résultats eux-mêmes, la manière, la confirmation ou montée en puissance de jeunes joueuses ainsi que d'un secteur offensif qui lui a souvent causé du souci promettent de belles choses. Cependant, le potentiel des équipes de France depuis plusieurs tournois est moins discuté que sa capacité à se sublimer lors d'une grande compétition, ce qu'elle n'a pas su faire ces dernières années. Et les résultats obtenus en matches de préparation ne pourront être confirmés que le ou les jours J, car la sélection tricolore a souvent brillé en amical avant de voir son parcours prendre fin plus tôt que prévu.
JAPON
En reconstruction depuis la qualification manquée pour les Jeux olympiques de 2016, la sélection japonaise monte en puissance année après année, servie notamment par l'arrivée dans l'équipe de joueuses très prometteuses ayant réalisé une belle carrière dans les catégories de jeunes. L'équipe a du talent à revendre, mais les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous avec une seule victoire en cinq matches en 2019, et deux nettes défaites face à la France et l'Angleterre. Le turnover d'Asako Takakura, important, ne permet que rarement de voir à l'oeuvre le réel potentiel de l'équipe, qui souffre face à des adversaires rapides et puissants. S'il ne faut surtout pas prendre à la légère une sélection qui a déjà été sacrée championne du monde, joue intelligemment, se montre opportuniste et ne lâche rien, les JO à domicile en 2020 ou encore un Mondial possiblement disputé à domicile en 2023 semblent être des objectifs plus réalistes.
PAYS-BAS
Championne d'Europe un peu inattendue, mais avec brio il y a deux ans à domicile, quelques mois à peine après l'arrivée de Sarina Wiegman, l'équipe n'a que peu changé depuis même si quelques jeunes ont obtenu leur place dans le groupe. Les Pays-Bas ont une identité de jeu et un onze de départ immuable ou presque, avec des joueuses aux qualités diverses et complémentaires qui ont fait merveille. La question est de savoir si l'équipe peut réitérer son exploit d'il y a deux ans à l'échelle mondiale, dans une compétition qu'elle disputera pour la deuxième fois seulement. Les Néerlandaises n'ont pas croisé la route de grandes nations mondiales récemment, ont battu le Danemark (à deux reprises) et la Suisse depuis la rentrée 2018, mais également perdu contre l'Espagne et la Pologne lors du tournoi de l'Algarve. Le niveau de jeu actuel de la sélection est donc un point d'interrogation, mais ses joueuses, notamment offensives, se mettent en évidence tous les week-ends dans leur championnat respectif. Une chose est certaine, elle ne bénéficie plus de l'effet de surprise et a désormais un statut à défendre.
SUEDE
Vice-championne olympique en 2016 en s'appuyant notamment sur une défense de fer, le jeu suédois a opéré un changement sous la houlette de Peter Gehrardsson avec notamment un secteur offensif plus fourni. Mais le sélectionneur n'a pas encore réussi à trouver la formule gagnante pour faire de cette sélection un vrai outsider pour le titre. Vainqueur de la Norvège, l'Angleterre, la Suisse ou encore l'Autriche depuis la rentrée 2018, l'équipe peut se montrer solide, mais ses défaites face à l'Italie, au Portugal ou encore l'Allemagne montrent une inconstance qu'elle doit corriger. Les piliers Lindahl, Fischer, Sembrant, Seger sont encore là pour l'assise défensive, et de nombreuses joueuses arrivent à maturité pour faire de l'équipe un solide adversaire. Mais il lui faut plus de diversité dans le jeu, alors que les performances de Kosovare Asllani donnent souvent le ton offensivement.
ETATS-UNIS
Les triples championnes du monde et tenantes du titre feront partie des grands favoris cet été, mais si la compétition devait se jouer maintenant, il est plus difficile de les imaginer aller au bout de l'aventure. L'équipe a disputé sept rencontres en 2019, en a remporté quatre et perdu une, contre la France. Ce bilan, qui n'est pas exceptionnel pour cette sélection, s'explique en partie par son manque de condition physique alors que les rencontres ont été disputées hors-compétition, mais surtout par une défense loin du niveau attendu. Face à la France (défaite), au Japon (match nul), à l'Angleterre (match nul) et à l'Australie (victoire), qui font tous figure de favoris ou d'outsiders pour la Coupe du monde, les États-Unis ont encaissé onze buts. Certes, sa force de frappe offensive, toujours exceptionnelle avec notamment le trio offensif titulaire Rapinoe/Morgan/Heath, lui permet quelques largesses à ce niveau, mais force est de constater que l'équipe concède beaucoup trop de buts pour être sereine. Il reste du temps à Jill Ellis pour trouver la bonne formule, mais à l'heure actuelle, la défense états-unienne n'est tout simplement pas au niveau d'un potentiel champion du monde.