Droits TV - Équipe de France, D1...La rude bataille pour être diffusé

D1Arkema, Équipes de France, compétitions internationales ou encore Coupe de France, les diffuseurs ne semblent pas prêts à investir autant ou plus qu'avant la période COVID.



Source FFF.FR
Est-ce l'effet post-COVID ou bien une volonté plus frileuse des diffuseurs d'un non-retour sur investissements, les appels d'offre pour les compétitions en France peinent à convaincre et ce constat n'est pas sans conséquence pour le développement et la promotion de la pratique.

Il y avait eu l'effet post-Coupe du Monde 2011, où le Président de l'époque Noël Le Graët avait initié la diffusion de la D1 Arkema et la diffusion progressive de tous les matchs des Bleues, rencontres amicales incluses. Puis alors que la Coupe du Monde 2019 se profilait en France, la D1 Arkema était devenue intégralement diffusée par le groupe Canal. La Coupe du Monde en France avait ensuite eu le droit à la meilleure exposition possible par la diffusion sur TF1 atteignant des audiences records.

Si l'Euro disputé en 2022 a permis de confirmer de satisfaisantes audiences, l'augmentation des droits TV demandée par les organisateurs de compétitions ne semblent pas convaincre les diffuseurs. Les exigences de la FIFA avec la Coupe du Monde en Australie et Nouvelle-Zélande ont montré que les investissements n'étaient pas extensibles, et dans ce cas, les demandes de l'instance internationale d'atteindre 20 millions d'Euros n'ont convaincu aucun diffuseur des 5 principaux européens, même pas outre-Manche malgré la forte augmentation des droits du championnat et la dynamique de l'Euro remporté par l'Angleterre.

Début avril, la FFF se félicitait de l'audience record enregistrée pour un match amical, lors de France - Canada, avec 1,38 millions de téléspectateurs en moyenne réunis devant W9. Au-delà du match, c'est l'effet du nouveau sélectionneur Hervé Renard et toute la médiatisation autour qui a accentué la curiosité des spectateurs.

Mais à deux mois de l'événement, aucun diffuseur n'a pour autant acquis les droits de la Coupe du Monde dont les horaires matinaux et le calendrier tardif ne sont pas favorables à un double des droits TV demandés par la FIFA. "La FIFA demande beaucoup d'argent et on n'a pas le budget pour l'acquérir" avait indiqué Laurent-Éric Le Lay, Directeur des Sports de France TV, invité dans l'émission C médiatique sur France 5 confirmant une somme de 10 à 20 millions d'euros demandée par la FIFA.

La programmation des rencontres des Bleues à 12 heures n'est pas non plus la plus enviable en termes de retour sur investissements, surtout sur un créneau où les chaînes ont des programmes bien ancrés pour les téléspectateurs, plus habitués aux jeux télévisés qu'aux rencontres de football. La Ministre en charge des Sports, Amélie Oudéa-Castera, l'évoquait également samedi dernier en marge de la finale de la Coupe de France, sur beINSPORTS : "Il y a les horaires, ce n'est pas facile quand les matchs vont se dérouler à midi pour l'Équipe de France, dans la matinée pour les autres rencontres, le décalage temporaire dans l'été (fin juillet - août) pas forcément pour les bonnes raisons. J'espère que l'on va y arriver". La ministre fait référence sans l'évoquer, à la programmation tardive dans la période estivale due initialement à l'organisation d'une Coupe du Monde des clubs fin juin, début juillet, finalement ajournée.

Les négociations de gré à gré sont lancées et les gouvernements se sont mis dans les débats. "Je rencontre lundi plusieurs de mes homologues européens sur ce sujet. J'encourage les diffuseurs, chacun à proposer des solutions, à faire un petit bout du chemin. Je suis optimiste sur la dynamique des prochaines semaines" annonçait la Ministre. Un pas que les diffuseurs pourraient faire mais dont les récents propos de Gianni Infantino n'ont pas nécessairement encouragé à l'ouverture de négociations.

Début mai, le Président de la FIFA avait déclaré en marge d'une réunion : "Pour être parfaitement clairs, nous considérons comme une obligation morale et juridique notre refus de brader la Coupe du Monde Féminine. En conséquence, si les diffuseurs continuent de se montrer injustes envers la Coupe du Monde Féminine et les femmes, nous serons dans l’obligation de ne pas diffuser la Coupe du Monde Féminine dans ces ‘cinq grands pays européens’. J’en appelle donc aux joueuses, aux joueurs, aux supporters, aux dirigeants, aux présidents, aux premiers ministres, aux politiciens et aux journalistes du monde entier. Rejoignez notre combat et, vous aussi, exigez une juste rémunération du football féminin. Elles le méritent. C’est aussi simple que cela".

Une déclaration qui n'est pas passée inaperçue et dont Alexandra Popp qui s'est fendue d'une communication aussi acerbe : "Chez M. Infantino, on a l'impression qu'il n'est plus que question d'argent, et de qui est le plus puissant au monde. Ça ne devrait pas être le cas. Parce que de cette façon, le sport que l'on aime et que l'on apprécie tous, s'abîme. Le devoir revient à la FIFA mais aussi aux diffuseurs"

Ce samedi, la capitaine des Bleues et de l'OL qui n'a pas voulu s'immiscer dans un conflit qu'elle ne gère pas, a néanmoins souligné : "C'est à la FFF et toutes les personnes qui s'occupent de cela d'attirer. Je pense qu'on ne peut qu'avoir un diffuseur et le foot féminin est en train d'éclore. Si on n'a pas de diffuseur, cela voudrait dire que l'on fait marche arrière. Après tout ce qui s'est passé ces derniers mois, et même pour la D1 Arkema, c'est dans le bon sens".

La FFF joue gros aussi

La Fédération n'est pas reste en ayant lancé le 13 avril dernier, les droits de la D1 Arkema et de l'Équipe de France. La date de retour des dossiers a été décalée d'une semaine, jusqu'au 12 mai avec un découpage des lots inédits et la création de conditions plus adaptées pour les diffuseurs pour les affiches et quelques moments phare dans la saison, comme la mise en place de play-offs. Des créneaux qui intéresseront les diffuseurs probablement comme les meilleurs matchs du championnat, mais il faudra aussi couvrir les autres rencontres du championnat, plus confidentielles. Vendredi dernier, L'Équipe relevait qu'une négociation de gré à gré devait être entamée précisant que "la chaîne cryptée aurait formulé une offre légèrement inférieure en droits et de même nature en moyens de production... mais uniquement pour les deux meilleures affiches de chaque journée. L'idée de Canal+ serait ainsi de produire avec des moyens plus importants les affiches en question" ajoutant "Du côté de la FFF, on devrait étudier les offres plus en détails lundi après-midi (ndlr : ce lundi 15 mai). Considérées à première vue comme intéressantes, elles ne seraient néanmoins pas au niveau des attentes de l'appel d'offres".

Quant aux matchs des Bleues, la mise en place de la Ligue des Nations va rendre les rencontres plus attractives, ce qui devrait plus aisément permettre de trouver un diffuseur en clair. Il reste cependant à savoir quel montant sera prêt à investir celui qui sera retenu. Car dans toutes ses discussions, le nerf de la guerre est financier et non celui de la promotion de la pratique féminine.

Et les autres compétitions

La Coupe de France féminine, couplée à la Coupe de France masculine, a trouvé son diffuseur mais cela aura été difficile. Si France TV a diffusé la finale, beINSPORTS s'était engagé à diffuser les demi-finales et la finale. Opportunité du tirage, le diffuseur a proposé aussi un quart de finale.
Mais les diffuseurs ne se bousculent pas dans une période où les compétitions s'enchaînent. Ainsi des compétitions jeunes comme les Euro U17 et U19 féminins que La Chaîne L'Équipe avaient proposé précédemment, tout comme Eurosport, n'ont pas trouvé preneur, et c'est UEFA TV qui propose seul le flux en accès libre. Signe aussi que même des droits TV mineurs peinent à rassembler. L'été dernier, le groupe Canal avait proposé la Coupe du Monde U20 a des horaires nocturnes peu à son avantage.

Pour les JO en 2024, point de souci de diffusion. France Télévisions ayant acquis les droits TV des Jeux Olympiques sera comme lors des dernières éditions, en charge de diffuser la compétition et les Bleues devraient bénéficier d'une belle exposition.


Lundi 15 Mai 2023
Sebastien Duret