Euro 2022 - Quart : Les PAYS-BAS, un savoir-faire mais des doutes

Le dernier quart de finale oppose ce soir la France aux Pays-Bas dans un duel indécis. Les Pays-Bas sont champions d'Europe en titre, la France n'a jamais passé le stade des quarts de finale d'un Euro.



De la joie malgré des aléas tout au long du premier tour (photo UEFA)
Dans un groupe où les résultats semblaient acquis d'avance, les choses ont été un peu plus compliquées que prévu pour les deux favoris, notamment les Pays-Bas. La première rencontre face à la Suède avait tenu ses promesses avec de l'incertitude, puis les Oranje ont eu toutes les peines du monde à se défaire du Portugal puis de la Suisse. On peut supposer que ces deux équipes ont peut-être été prises de haut, et les championnes d'Europe ont sans nulle doute été déstabilisées par les absences de Jackie Groenen et Vivianne Miedema. Il n'en reste pas moins qu'à dix minutes de la fin des rencontres de poules, les Pays-Bas étaient sous la menace d'un but suisse qui les aurait privés de qualification. Le résultat final (4-1) est très flatteur par rapport à ce que les tenantes du titre ont proposé. Elles s'étaient d'ailleurs déjà fait peur au match précédent face au Portugal. Après un début de match rondement mené et un break réalisé dans le premier quart d'heure, elles avaient vu les Portugaises revenir au score, et c'est une action en solo de Daniëlle van de Donk qui avait permis aux Oranje d'obtenir la victoire. Comme lors de la première rencontre, où Vivianne Miedema et Jill Roord avaient obtenu l'égalisation. Les individualités néerlandaises peuvent frapper à tout moment.

Quelle équipe des Pays-Bas contre la France ?

L'effectif néerlandais n'a pas été épargné depuis le début de la compétition. Dès le début du premier match, la capitaine et gardienne titulaire Sari van Veenendaal a dû sortir et déclarer forfait pour le reste de la compétition. Un bien pour un mal certainement, car sa remplaçante Daphne van Domselaar fait plus que tenir la baraque. Sans elle, les Pays-Bas ne seraient peut-être pas qualifiés pour les quarts de finale... Avant le deuxième match, alors qu'Aniek Nouwen, titulaire en défense centrale face à la Suède, était forfait sur blessure, Jackie Groenen puis Vivianne Miedeman, deux rouages très importants de l'équipe, déclaraient elles aussi forfait, covid. La première revenait pour le troisième match de poule, mais la présence de la seconde est encore incertaine, tout du moins son était de forme. Pour ajouter à ces questions, la meilleure joueuse du dernier Euro, Lieke Martens, a dû déclarer forfait pour le reste de la compétition. Au vu de ses prestations depuis le début du tournoi, il ne s'agit pas forcément d'un coup dur. Mais c'est une joueuse qui peut faire la différence à n'importe quel moment, même si elle n'a pas été flamboyante avant, et son absence oblige à se poser la question de son remplacement.

Concernant la composition probable, en défense tout d'abord. Trois joueuses sont connues, Lynn Wilms à droite, Stefanie van der Gragt au centre, et Dominique Janssen. Mark Parsons, quand il a eu le choix, a aligné Nouwen en défense centrale et Janssen à gauche. Pour des résultats mitigés, et il pourrait être tenté de replacer Janssen au centre, où elle forme une paire efficace et qui se connait bien avec van der Gragt malgré leurs difficultés face au Portugal. Ce serait alors Marisa Olislagers qui serait probablement titularisée à gauche. Au milieu, avec le retour de Miedema, le trio Sherida Spitse/Groenen/van de Donk devrait être reformé, ce qui apporterait un équilibre et des automatismes qui avaient fait défaut en poule. Et en attaque se pose la question de continuer avec les cadres, ou de titulariser les jeunes, à leur avantage lors des poules. En gardant les mêmes joueuses, Roord et Lineth Beerensteyn seraient donc titulaires, cette dernière dans un couloir qui lui convient nettement mieux que la pointe de l'attaque. A gauche, pour suppléer Martens ? Difficile de trop s'aventurer alors que la présence de Miedema n'est pas encore totalement acquise.

Les Pays-Bas, forces et faiblesses

La première force des Néerlandaises, c'est qu'au contraire de la France, elles savent gagner ce genre de rencontre. Championnes d'Europe et vice-championnes du monde en titre, elles ont le savoir-faire pour gagner ces matchs à élimination directe. Mais ce n'est pas le cas du sélectionneur Mark Parsons, dont le discours semble ne pas passer auprès d'un certain nombre de joueuses. Dans le jeu, on peut regretter l'absence d'un duel entre Marie-Antoinette Katoto et Vivianne Miedema, toutes les deux parmi les meilleures buteuses actuelles. La seconde devrait a priori être de la partie, mais quel sera son état de forme ? Sa présence et sa forme changeraient la physionomie de l'équipe, qui peut toutefois se reposer sur d'autres individualités, comme ce fut le cas déjà avec van de Donk ou Roord, qui peuvent cependant se marcher sur les pieds. Sherida Spitse est toujours bien présente et dangereuse sur coup franc, tandis que van der Gragt est la principale arme sur coups de pieds arrêtés, et il devrait y avoir un duel intéressant avec Wendie Renard dans les airs. Les jeunes remplaçantes apportent également un vrai plus lors de leur entrée, avec vitesse et dynamisme quand l'équipe peine à se montrer dangereuse. C'est d'ailleurs un point commun avec la France, dont le banc apporte une vraie plus-value.

Les Pays-Bas ne sont pas sans faiblesses ou points d'interrogation. Daphne van Domselaar s'est imposée avec brio dans les buts, mais devant elle, la défense n'a pas toujours donné satisfaction. Les latérales, surtout Lynn Wilms, est très offensive, et d'ailleurs la principale source de centres d'une équipe qui centre peu depuis le début de la compétition, et là l'absence de Martens devrait se voir. Sera-t-elle remplacée par une ailière qui écartera le jeu, ou un autre profil plus axial ? Il y a de la place sur les ailes, ce qui tombe bien, car la France attaque principalement par ses ailes, à plus de 80%, de façon égalitaire entre la gauche et la droite du terrain. Mais la défense a également été en difficulté face à des joueuses rapides telles que Fridolina Rolfö, Diana Silva, Jéssica Silva, Ramona Bachmann... la France aura des opportunités, il faudra en profiter. Du côté offensif, l'absence de Miedema s'est faite sentir, et elle avait d'ailleurs joué un rôle prépondérant dans l'égalisation face à la Suède, la seule ou presque à apporter le danger dans ce match au sommet. Il ne faut cependant pas croire que la défense néerlandaise n'a pas de répondant, car elle a aussi montré, face à la Suède, qu'elle pouvait retrouver cette solidité qui lui avait permis d'obtenir les résultats de ces dernières années.

Les Bleues, objectif demies

Les Bleues vont jouer leur 4e match à Rotherham (photo UEFA)
Les Tricolores auront face à elles le plus beau palmarès européen de ces cinq dernières années, une équipe dont il faut évidemment se méfier très sérieusement. Un adversaire avec lequel elles partagent plusieurs points communs, tels son désir de jouer, une absence regrettable ou encore une défense qui peut être défaillante. La France a encaissé un but à chacun de ses trois matchs de poule, seuls les Pays-Bas parmi les quarts de finalistes en ont encaissé plus (4). C'est un point sur lequel il va falloir faire mieux, si l'équipe veut atteindre son objectif.

L'attaque française, aussi bien les titulaires que parmi les joueuses qui débuteront sur le banc, aura les atouts pour faire mal à la défense néerlandaise, surtout si elle arrive à jouer tout en fluidité et en mouvement comme elle sait faire. Il faudra pour cela qu'elle puisse développer son jeu, et les Pays-Bas évidemment feront tout pour l'éviter. La bataille du milieu de terrain sera comme toujours importante, et la question du côté français est celle de la titularisation de Clara Matéo ou Sandie Toletti, aux profils différents. Un trio composé de Grace Geyoro et les deux joueuses précédemment cité peut séduire, mais Corinne Diacre n'a jamais jusque-là associé les trois, alors que les automatismes datent des sélections de jeunes.

Enfin, et en espérant que les Tricolores parviendront à réaliser un nouveau départ en fanfare pour bien lancer le match, une meilleure gestion de ses temps-forts et faibles leur serait sûrement profitable. L'équipe de France n'a pas encore marqué en seconde période durant ce tournoi, et plus précisément, la moitié de ses buts ont été inscrits dans le premier quart d'heure, l'autre moitié dans les dix dernières minutes de la première période, des périodes-clés d'une rencontre, ce qui est plutôt judicieux, mais pourrait ne pas suffire ce soir.

Déclarations

Corinne Diacre
"Tout le monde va bien ; jusqu'au moment où je vous parle. Physiquement on est bien aussi. Je connais votre interrogation. Pour moi, elle n'a pas lieu d'être. Les scénarios de match ont fait qu'il est normal, notamment contre l'Italie (5-1), de se concentrer sur l'avenir, d'éviter les blessures, c'est humain. L'équipe va bien, elle va même très très bien. On a envie ensemble de bien vivre cette compétition. On regarde vers l'avant. On a connaissance du passé, bien évidemment. Toutes les joueuses n'ont pas vécu ces dix dernières années. On est focalisées uniquement sur cette compétition. On est tournées vers l'avenir, un avenir proche avec le match de demain (ndlr : ce samedi). Elles sont tenantes du titre. S'il doit y avoir un favori, c'est plutôt elles. D'autant qu'on n'arrête pas de nous répéter qu'on n'arrive pas à passer les quarts de finale, donc je doute que l'on soit favorites demain."

Mark Parsons, sélectionneur des Pays-Bas
i["Nous connaissons très bien la France. Ils nous connaissent très bien. [Les avoir regardé lundi contre l'Islande] a été l'occasion de confirmer notre expérience en février et ce que nos observateurs nous ont dit qu'ils se sont améliorés. Nous avons hâte d'y être.
On attend toujours cette performance où on se dit tous : on est arrivé à un niveau qui nous donne la chair de poule. Les six derniers mois ont été ce qu'ils étaient. Nous ne sommes pas arrivés en feu, comme la France, la Suède ou l'Angleterre. Nous avons dû grandir, encaissant les coups au fur et à mesure." "[C'est contre] ce [type d'] adversaires et [dans] ces moments que je vois cette équipe s'intensifier plus que toute autre équipe que j'ai entraînée. Plus l'occasion est grande, plus ces joueuses font vraiment un pas de géant. Hâte d'arriver à demain (ndlr : samedi)."]i

UEFA Women's EURO 2022 - Angleterre - Quart de finale
Samedi 23 juillet 2022 - 20h00 locales (21h00 françaises)
FRANCE - PAYS-BAS
Rotherham (New York Stadium)
Arbitres : Ivana Martinčić (Croatie) assistée de Sanja Rodjak-Karšić (Croatie) et Staša Špur (Slovénie). 4e arbitre : Marta Huerta De Aza (Espagne). Arbitres VAR : Tiago Martins (Portugal) assisté de Luis Godinho (Portugal) et Tomasz Kwiatkowski (Pologne)

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Samedi 23 Juillet 2022
Charlotte Vincelot