"Dans ma carrière j'ai été plus longtemps confronté au foot amateur qu'au professionnalisme."
Guy Roux et ses ballons. En un demi-siècle, s'il en a égarés une dizaine, c'est le bout du monde...
Vous connaissez les sites Footengo répartis à travers la France qui ne parlent que de foot amateur. Pensez-vous que la presse traditionnelle met suffisamment en valeur le football de la base ?
Ce rapport entre ce qu'il faudrait mettre en valeur et la surface disponible dans les médias nationaux est un vaste problème. On ne peut pas multiplier les sujets à l'infini. Il y a plus de deux millions de personnes concernées par le football en France, évidemment on ne peut pas parler de tout le monde. Mais dans les régions, dans les cantons, avec les journaux quotidiens et le sites Internet comme les vôtres, la réalité est qu'on parle énormément du foot amateur. Je pense même que si on faisait l'addition de tous les articles qui le concernent dans L'Yonne Républicaine, La Provence ou La Voix du Nord, pour les journaux que je connais le mieux, on serait surpris de constater que ça représente davantage que la place accordée au foot pro. Si vous rajoutez les radios et les télés locales, globalement, la couverture médiatique est importante. Maintenant, à Apoigny, dans mon village, ils trouvent qu'on ne parle pas assez d'eux. Je les comprends mais il n'y a pas de solution satisfaisante sinon en valorisant encore davantage des initiatives comme les vôtres.
Quels rapports entretenez-vous aujourd'hui avec le foot amateur ?
Ma seule activité liée au terrain se résume à la section amateur de l'AJ Auxerre. A bien des égards, ce club est le club amateur plus important de France avec une équipe en CFA, une autre en CFA2, puis en DH et même une équipe IV en PH. Dans toutes les catégories de jeunes, nous avons trois équipes réparties en national, régional et départemental plus une école de football. Je suis le président de la commission des éducateurs de cette section sans avoir aucun rapport avec les pros. Nous possédons même la majorité de la SAOS qui gère le secteur professionnel.
Ce rapport entre ce qu'il faudrait mettre en valeur et la surface disponible dans les médias nationaux est un vaste problème. On ne peut pas multiplier les sujets à l'infini. Il y a plus de deux millions de personnes concernées par le football en France, évidemment on ne peut pas parler de tout le monde. Mais dans les régions, dans les cantons, avec les journaux quotidiens et le sites Internet comme les vôtres, la réalité est qu'on parle énormément du foot amateur. Je pense même que si on faisait l'addition de tous les articles qui le concernent dans L'Yonne Républicaine, La Provence ou La Voix du Nord, pour les journaux que je connais le mieux, on serait surpris de constater que ça représente davantage que la place accordée au foot pro. Si vous rajoutez les radios et les télés locales, globalement, la couverture médiatique est importante. Maintenant, à Apoigny, dans mon village, ils trouvent qu'on ne parle pas assez d'eux. Je les comprends mais il n'y a pas de solution satisfaisante sinon en valorisant encore davantage des initiatives comme les vôtres.
Quels rapports entretenez-vous aujourd'hui avec le foot amateur ?
Ma seule activité liée au terrain se résume à la section amateur de l'AJ Auxerre. A bien des égards, ce club est le club amateur plus important de France avec une équipe en CFA, une autre en CFA2, puis en DH et même une équipe IV en PH. Dans toutes les catégories de jeunes, nous avons trois équipes réparties en national, régional et départemental plus une école de football. Je suis le président de la commission des éducateurs de cette section sans avoir aucun rapport avec les pros. Nous possédons même la majorité de la SAOS qui gère le secteur professionnel.
"J'ai eu honte de gagner plus d'argent que le chirurgien qui venait de me sauver la vie..."
Ce club n'a tout de même rien à voir avec la réalité de la majorité des clubs amateurs de France !
Mais je connais cette réalité, ce fut la mienne à partir de mes 13 ans quand j'ai commencé le foot à Apoigny. Rembourser ou ne pas rembourser l'essence aux dirigeants, le prix du kilomètre sur l'autoroute, les frais d'arbitrage... tout ça je sais ce que c'est. Je jouais en DH à Auxerre lorsque j'étais cadet deuxième année et à cette époque le club remboursait 30 francs sur les 60 que coûtaient les repas, aux militaires et pas au lycéen que j'étais, lors des déplacements de l'équipe. Nous n'avions pas de terrain d'entraînement et lorsque la nuit tombait tôt, l'hiver, on ne pouvait que courir sur la piste d'athlétisme. J'ai été le premier à instaurer les entraînements entre midi et deux. Cette réalité du football amateur a été la mienne pendant très longtemps jusqu'à ce que le club devienne professionnel. Si on fait les comptes, je peux même dire que dans ma carrière j'ai été plus longtemps confronté à ça qu'au professionnalisme.
Trouvez-vous que le foot pro aide suffisamment le foot amateur ?
J'étais membre du Conseil d'Administration de la LFP lorsque qu'est apparue la notion de redistribution des droits télé vers la base. Mais il faut se souvenir que le premier match télévisé le fut car Francis Borelli, le président du PSG, l'avait souhaité et avait payé pour ça la télévision 50 000 francs de l'époque. Aujourd'hui, le processus s'est inversé et les sommes sont importantes mais elles ne le seront jamais suffisamment pour que tous les clubs amateurs s'y retrouvent. C'est un peu comme avec la médiatisation. Si on partage la sommes allouée, ça fait peu pour chaque club, il y en a quand même 25 000. Le but n'est pas de dire si c'est suffisant ou pas, ceux qui donnent trouvent que c'est trop et ceux qui reçoivent que ce n'est pas assez. Mais ce n'est pas négligeable. La vraie question est plutôt de savoir ce que font les clubs de cet argent une fois qu'ils l'ont... C'est encore un autre problème.
Au delà de l'aspect financier, les relations entre les deux mondes vous paraissent-elles satisfaisantes ?
(il réfléchit longuement) Là encore, on ne peut pas changer la nature humaine. Chez tous les dirigeants de football du monde, dans les clubs pros comme chez les amateurs, certains auraient pas mal de choses à confesser à leur curé, la jalousie notamment... dans un sens comme dans l'autre. Mais grâce à Fernand Sastre, on est parvenu à une certaine harmonie avec ce qu'on appelle l'interpénétration. Le fait d'avoir un championnat National hybride et derrière le CFA, le CFA2 et la DH, permet aux clubs qui le peuvent, qui en ont les moyens et les compétences d'espérer se hisser un jour au niveau des meilleurs. Avec Auxerre nous en sommes le meilleur exemple nous qui sommes partis de la DH. Il y a aussi Laval, Montpellier ou Arles Avignon plus récemment qui illustrent cette interpénétration qui n'a pas toujours existé. Avant, les équipes pros étaient en circuits fermés et les autres ne pouvaient y accéder. Le CFA était le sommet de leur pyramide. Désormais, chacun a sa chance.
Mais je connais cette réalité, ce fut la mienne à partir de mes 13 ans quand j'ai commencé le foot à Apoigny. Rembourser ou ne pas rembourser l'essence aux dirigeants, le prix du kilomètre sur l'autoroute, les frais d'arbitrage... tout ça je sais ce que c'est. Je jouais en DH à Auxerre lorsque j'étais cadet deuxième année et à cette époque le club remboursait 30 francs sur les 60 que coûtaient les repas, aux militaires et pas au lycéen que j'étais, lors des déplacements de l'équipe. Nous n'avions pas de terrain d'entraînement et lorsque la nuit tombait tôt, l'hiver, on ne pouvait que courir sur la piste d'athlétisme. J'ai été le premier à instaurer les entraînements entre midi et deux. Cette réalité du football amateur a été la mienne pendant très longtemps jusqu'à ce que le club devienne professionnel. Si on fait les comptes, je peux même dire que dans ma carrière j'ai été plus longtemps confronté à ça qu'au professionnalisme.
Trouvez-vous que le foot pro aide suffisamment le foot amateur ?
J'étais membre du Conseil d'Administration de la LFP lorsque qu'est apparue la notion de redistribution des droits télé vers la base. Mais il faut se souvenir que le premier match télévisé le fut car Francis Borelli, le président du PSG, l'avait souhaité et avait payé pour ça la télévision 50 000 francs de l'époque. Aujourd'hui, le processus s'est inversé et les sommes sont importantes mais elles ne le seront jamais suffisamment pour que tous les clubs amateurs s'y retrouvent. C'est un peu comme avec la médiatisation. Si on partage la sommes allouée, ça fait peu pour chaque club, il y en a quand même 25 000. Le but n'est pas de dire si c'est suffisant ou pas, ceux qui donnent trouvent que c'est trop et ceux qui reçoivent que ce n'est pas assez. Mais ce n'est pas négligeable. La vraie question est plutôt de savoir ce que font les clubs de cet argent une fois qu'ils l'ont... C'est encore un autre problème.
Au delà de l'aspect financier, les relations entre les deux mondes vous paraissent-elles satisfaisantes ?
(il réfléchit longuement) Là encore, on ne peut pas changer la nature humaine. Chez tous les dirigeants de football du monde, dans les clubs pros comme chez les amateurs, certains auraient pas mal de choses à confesser à leur curé, la jalousie notamment... dans un sens comme dans l'autre. Mais grâce à Fernand Sastre, on est parvenu à une certaine harmonie avec ce qu'on appelle l'interpénétration. Le fait d'avoir un championnat National hybride et derrière le CFA, le CFA2 et la DH, permet aux clubs qui le peuvent, qui en ont les moyens et les compétences d'espérer se hisser un jour au niveau des meilleurs. Avec Auxerre nous en sommes le meilleur exemple nous qui sommes partis de la DH. Il y a aussi Laval, Montpellier ou Arles Avignon plus récemment qui illustrent cette interpénétration qui n'a pas toujours existé. Avant, les équipes pros étaient en circuits fermés et les autres ne pouvaient y accéder. Le CFA était le sommet de leur pyramide. Désormais, chacun a sa chance.
A 73 ans, le Bourguignon fait partie du patrimoine du football français. Un des derniers dinosaures...
Les footballeurs du samedi et dimanche ont une vilaine image de ceux qui passent à la télé ? Est-elle justifiée selon vous ?
L'image des footballeurs français est mauvaise depuis qu'une trentaine d'imbéciles se sont mal comportés un dimanche après midi en Afrique du Sud. Je dis 30 car en plus des 23 joueurs, il y avait aussi des dirigeants et des entraîneurs qui n'ont pas su raisonner ces jeunes gens. Depuis, aux yeux du monde, le foot français est mal vu. A force, oui, ça devient injuste. Si toute faute doit être sanctionnée, celle là l'a été. Le président a démissionné, les joueurs ont donné leurs primes, certains ont été suspendus... Par rapport à ça, on peut même dire qu'il s'agit de la plus grosse amende pénale de l'histoire de la justice française. Après, le principe d'une société civilisée veut que lorsque la peine est purgée on reparte de zéro. Je déplore qu'on ne veuille pas faire ça dans le football...
Entre les excès financiers et les dérapages comportementaux, les footballeurs pros n'ont pas attendu l'été dernier pour avoir une mauvaise image !
Nous sommes dans un marché libre et les footballeurs ont toujours été les mieux payés de la société française. En 1932, le championnat professionnel a été créé justement pour éviter que des amateurs, qui n'en étaient plus, soient aussi bien payés. Et le football a été le premier alors à se mettre dans les mains de la fiscalité. Même dans la logique communiste, en URSS, un footballeur était mieux payé qu'un chirurgien. Lorsque je me suis fait opérer du coeur, j'avais honte de gagner plus d'argent que lui alors qu'il venait de me sauver la vie. Mais que faire, c'est comme ça... Pour ce qui est du comportement répréhensible de certains joueurs, il ne faut pas le généraliser à toute une profession. Interdit-on aux prêtres de pratiquer sous prétexte que certains d'entre eux sont pédophiles ? Un joueur a eu des relations sexuelles avec une fille mineur de 17 ans qui en paraissait 25, ça s'est su, il a été condamné... On passe à autre chose. Il ne faut pas que ça retombe sur tous les professionnels du pays.
L'image des footballeurs français est mauvaise depuis qu'une trentaine d'imbéciles se sont mal comportés un dimanche après midi en Afrique du Sud. Je dis 30 car en plus des 23 joueurs, il y avait aussi des dirigeants et des entraîneurs qui n'ont pas su raisonner ces jeunes gens. Depuis, aux yeux du monde, le foot français est mal vu. A force, oui, ça devient injuste. Si toute faute doit être sanctionnée, celle là l'a été. Le président a démissionné, les joueurs ont donné leurs primes, certains ont été suspendus... Par rapport à ça, on peut même dire qu'il s'agit de la plus grosse amende pénale de l'histoire de la justice française. Après, le principe d'une société civilisée veut que lorsque la peine est purgée on reparte de zéro. Je déplore qu'on ne veuille pas faire ça dans le football...
Entre les excès financiers et les dérapages comportementaux, les footballeurs pros n'ont pas attendu l'été dernier pour avoir une mauvaise image !
Nous sommes dans un marché libre et les footballeurs ont toujours été les mieux payés de la société française. En 1932, le championnat professionnel a été créé justement pour éviter que des amateurs, qui n'en étaient plus, soient aussi bien payés. Et le football a été le premier alors à se mettre dans les mains de la fiscalité. Même dans la logique communiste, en URSS, un footballeur était mieux payé qu'un chirurgien. Lorsque je me suis fait opérer du coeur, j'avais honte de gagner plus d'argent que lui alors qu'il venait de me sauver la vie. Mais que faire, c'est comme ça... Pour ce qui est du comportement répréhensible de certains joueurs, il ne faut pas le généraliser à toute une profession. Interdit-on aux prêtres de pratiquer sous prétexte que certains d'entre eux sont pédophiles ? Un joueur a eu des relations sexuelles avec une fille mineur de 17 ans qui en paraissait 25, ça s'est su, il a été condamné... On passe à autre chose. Il ne faut pas que ça retombe sur tous les professionnels du pays.
"Dans la profession, je ne suis plus écouté..."
Revenons au terrain. Vous avez longtemps été l'un des chantres et des principaux défenseurs de la formation à la française. Trouvez-vous normal qu'elle soit ainsi attaquée depuis un certain temps ?
Notre méthode pédagogique est à revoir mais comme toute méthode qui vieillit et qui nécessite d'être réétudiée, renouvelée comme on le fait pour l'apprentissage de la lecture ou de l'écriture. Rien ne me choque dans cette réflexion. Il faut juste garder à l'esprit que c'est grâce à cette formation là que nous avons gagné deux Euro et presque deux Coupe du monde, à une série de tirs au but près ! On a quand même été bien récompensés d'une formation que nous devons à Georges Boulogne. Le principe était de permettre à nos enfants de jouer au football dans les clubs alors qu'ils ne le pouvaient pas à l'école. La création des centres de formation dans les clubs pros en a résulté. On a été beaucoup copié, maintenant on est dépassé, à nous de réagir.
Que pensez-vous de la formation du Barça qui fait aujourd'hui référence avec des méthodes et une philosophie qui sont assez éloignées de celles qui ont fait le succès de l'AJ Auxerre ?
Je n'ai pas été voir là-bas comment ils fonctionnaient... Ils parviennent à entretenir la tradition d'un beau football en confiant leurs équipes à d'anciens joueurs tous des élèves de Cruyff. On peut être admiratif... et considérer que leur modèle est très difficilement exportable dans un autre contexte que le leur. Je ne pense pas que leur méthode soit la meilleure même si elle obtient des résultats. Dans l'absolue, leur principe de jeu leur fait tenir le ballon pendant au moins 70% du temps d'un match. Mais ça marche que si l'équipe adverse accepte cette domination. Que va-t-il se passer le jour une autre équipe, avec autant de talents individuels, adopte la même stratégie ? Il y aura bien un perdant. A Auxerre, on a gagné avec une conservation du ballon proche des 30% mais aussi des 70%. Je faisais en fonction des joueurs que j'avais. Quand ils étaient techniques on maîtrisait le jeu, quand ils l'étaient moins, on faisait en sorte de jouer dans le dos des défenseurs pour disposer de davantage d'espaces. Le tout, c'est de savoir s'adapter.
Notre méthode pédagogique est à revoir mais comme toute méthode qui vieillit et qui nécessite d'être réétudiée, renouvelée comme on le fait pour l'apprentissage de la lecture ou de l'écriture. Rien ne me choque dans cette réflexion. Il faut juste garder à l'esprit que c'est grâce à cette formation là que nous avons gagné deux Euro et presque deux Coupe du monde, à une série de tirs au but près ! On a quand même été bien récompensés d'une formation que nous devons à Georges Boulogne. Le principe était de permettre à nos enfants de jouer au football dans les clubs alors qu'ils ne le pouvaient pas à l'école. La création des centres de formation dans les clubs pros en a résulté. On a été beaucoup copié, maintenant on est dépassé, à nous de réagir.
Que pensez-vous de la formation du Barça qui fait aujourd'hui référence avec des méthodes et une philosophie qui sont assez éloignées de celles qui ont fait le succès de l'AJ Auxerre ?
Je n'ai pas été voir là-bas comment ils fonctionnaient... Ils parviennent à entretenir la tradition d'un beau football en confiant leurs équipes à d'anciens joueurs tous des élèves de Cruyff. On peut être admiratif... et considérer que leur modèle est très difficilement exportable dans un autre contexte que le leur. Je ne pense pas que leur méthode soit la meilleure même si elle obtient des résultats. Dans l'absolue, leur principe de jeu leur fait tenir le ballon pendant au moins 70% du temps d'un match. Mais ça marche que si l'équipe adverse accepte cette domination. Que va-t-il se passer le jour une autre équipe, avec autant de talents individuels, adopte la même stratégie ? Il y aura bien un perdant. A Auxerre, on a gagné avec une conservation du ballon proche des 30% mais aussi des 70%. Je faisais en fonction des joueurs que j'avais. Quand ils étaient techniques on maîtrisait le jeu, quand ils l'étaient moins, on faisait en sorte de jouer dans le dos des défenseurs pour disposer de davantage d'espaces. Le tout, c'est de savoir s'adapter.
Les Guignols ont beaucoup fait pour sa popularité... et son portefeuille.
Vous êtes aujourd'hui consultant, au delà de l'aspect financier, y trouvez-vous votre compte ?
C'est un rôle qui me plaît et qui me permet de m'exprimer, de faire passer des messages, car dans la profession je ne suis plus écouté. Je m'en aperçois chez moi, à l'AJA. Les éducateurs du centre m'écoutent encore en partie mais lorsque je parle avec les pros, je suis confronté à deux catégories de gens; les polis qui m'écoutent mais ne retiennent rien, les autres qui ne m'écoutent même pas ! La nature humaine est ainsi faite. Ils font ce qu'ils veulent mais quand je vois un entraîneur qui ne fait pas travailler les coups de pied arrêtés à ses joueurs pendant la semaine et qui perd ensuite 2-0 en encaissant deux buts sur coups de pied arrêtés, je dis tant pis pour lui ! Stefan Kovacs, l'ancien sélectionneur roumain de l'équipe de France, me disait : "Si tu n'as pas fait faire au moins trente corners à un joueur dans la semaine, ne l'engueule pas s'il les tire mal le week-end !"
Vous avez toujours la même passion pour le football que lorsque vous haranguiez la foule de l'Abbé Deschamps pour un match de coupe d'Europe ?
Le foot reste ma grande passion. Mais une passion qui évolue. La passion amoureuse est dévorante à 16 ans et vous brûle le ventre. A 70 ans, elle est toujours là mais elle brûle moins. Je consacre quand mêle encore au football au moins 50 heures par semaine. Je couvre en tant que consultant au moins un match de L1 par semaine plus les Spécialistes et le Canal Football Club et les matchs de Ligue des Champions que TF1 retransmet pour Canal Horizons. Sur Europe 1, j'interviens aussi régulièrement notamment pour les matchs de l'équipe de France. J'essaie aussi de répondre à pas mal de sollicitations, comme la votre, ou à l'invitation d'amicales d'éducateurs.
C'est un rôle qui me plaît et qui me permet de m'exprimer, de faire passer des messages, car dans la profession je ne suis plus écouté. Je m'en aperçois chez moi, à l'AJA. Les éducateurs du centre m'écoutent encore en partie mais lorsque je parle avec les pros, je suis confronté à deux catégories de gens; les polis qui m'écoutent mais ne retiennent rien, les autres qui ne m'écoutent même pas ! La nature humaine est ainsi faite. Ils font ce qu'ils veulent mais quand je vois un entraîneur qui ne fait pas travailler les coups de pied arrêtés à ses joueurs pendant la semaine et qui perd ensuite 2-0 en encaissant deux buts sur coups de pied arrêtés, je dis tant pis pour lui ! Stefan Kovacs, l'ancien sélectionneur roumain de l'équipe de France, me disait : "Si tu n'as pas fait faire au moins trente corners à un joueur dans la semaine, ne l'engueule pas s'il les tire mal le week-end !"
Vous avez toujours la même passion pour le football que lorsque vous haranguiez la foule de l'Abbé Deschamps pour un match de coupe d'Europe ?
Le foot reste ma grande passion. Mais une passion qui évolue. La passion amoureuse est dévorante à 16 ans et vous brûle le ventre. A 70 ans, elle est toujours là mais elle brûle moins. Je consacre quand mêle encore au football au moins 50 heures par semaine. Je couvre en tant que consultant au moins un match de L1 par semaine plus les Spécialistes et le Canal Football Club et les matchs de Ligue des Champions que TF1 retransmet pour Canal Horizons. Sur Europe 1, j'interviens aussi régulièrement notamment pour les matchs de l'équipe de France. J'essaie aussi de répondre à pas mal de sollicitations, comme la votre, ou à l'invitation d'amicales d'éducateurs.
"Je regrette vraiment que le président de l'AJA, Jean Claude Hamel, ait fait tant d'efforts pour m'écarter."
Que pensez-vous de l'image qu'ont fait de vous les Guignols, celle du paysan bourguignon qui élève des champions et qui reste près de ses sous ? En quoi est-elle ou a-t-elle été conforme à la réalité ?
Cette image, je ne l'ai pas fabriquée, plutôt subie... Les auteurs des Guignols ont pensé qu'en donnant cette image de moi, ils allaient pouvoir faire rire et monter une bonne émission. Je n'y peux rien. Franchement, ce n'est pas si désagréable et finalement assez proche de la réalité, de ce que je suis. En ce moment par exemple, je suis assis à la table de ma salle à manger où on ne peut plus poser un stylo tellement elle est remplie de livres, de papiers, de documents en tout genre. Alors que j'ai un bureau au sous sol où je ne mets jamais les pieds ! Avec mes activités de consultant, les pubs, les voyages pour voir les matchs... j'ai une vie bien remplie. Je suis une entreprise immatriculée au registre du commerce, j'ai des employeurs qui me rémunèrent pour un travail, me prolongent généralement mes contrats, je suis content, je fais ce que j'aime.
Etes-vous vraiment radin ?
Le côté radin est un peu plus gênant mais il vient surtout de mes années à l'AJA. Si j'étais radin c'était pour le club, pas pour moi. J'ai toujours eu la notion de la valeur des choses. Un ballon, c'est un ballon, un objet sacré qu'on n'abandonne pas au bord d'un terrain. J'ai été élevé dans cette habitude qu'on ne quitte pas un stade sans avoir récupéré tous les ballons.
A part d'avoir certainement oublié ici ou à quelques ballons égarés, avez-vous des regrets ?
Je ne suis pas un homme de regrets. Je pourrais regretter de ne pas avoir été sélectionneur de l'équipe de France, de l'avoir refusé à deux reprises, mais comme je pourrais aussi regretter de ne jamais avoir gagné le Tour de France avec huit minutes d'avance sur le second. Ou de ne pas avoir été Président de la république... quoique je peux encore l'être. Non, mon principal regret restera lié à mon club. Je regrette vraiment que le président de l'AJA, Jean Claude Hamel, ait fait tant d'efforts pour m'écarter...
Un message à passer aux clubs amateurs ?
Plus qu'un message, une vérité. Contrairement à tout ce que j'entends, il est faux de dire qu'il y a de moins en moins de bénévoles. Quand j'étais gosse, trois bénévoles suffisaient pour s'occuper de mon premier club. Aujourd'hui, dans le même club, ils sont trente car le nombre de licenciés a explosé. Je le vérifie tous les jours et ça montre que le football en France reste très vivant.
propos recueillis par J.C.
Cette image, je ne l'ai pas fabriquée, plutôt subie... Les auteurs des Guignols ont pensé qu'en donnant cette image de moi, ils allaient pouvoir faire rire et monter une bonne émission. Je n'y peux rien. Franchement, ce n'est pas si désagréable et finalement assez proche de la réalité, de ce que je suis. En ce moment par exemple, je suis assis à la table de ma salle à manger où on ne peut plus poser un stylo tellement elle est remplie de livres, de papiers, de documents en tout genre. Alors que j'ai un bureau au sous sol où je ne mets jamais les pieds ! Avec mes activités de consultant, les pubs, les voyages pour voir les matchs... j'ai une vie bien remplie. Je suis une entreprise immatriculée au registre du commerce, j'ai des employeurs qui me rémunèrent pour un travail, me prolongent généralement mes contrats, je suis content, je fais ce que j'aime.
Etes-vous vraiment radin ?
Le côté radin est un peu plus gênant mais il vient surtout de mes années à l'AJA. Si j'étais radin c'était pour le club, pas pour moi. J'ai toujours eu la notion de la valeur des choses. Un ballon, c'est un ballon, un objet sacré qu'on n'abandonne pas au bord d'un terrain. J'ai été élevé dans cette habitude qu'on ne quitte pas un stade sans avoir récupéré tous les ballons.
A part d'avoir certainement oublié ici ou à quelques ballons égarés, avez-vous des regrets ?
Je ne suis pas un homme de regrets. Je pourrais regretter de ne pas avoir été sélectionneur de l'équipe de France, de l'avoir refusé à deux reprises, mais comme je pourrais aussi regretter de ne jamais avoir gagné le Tour de France avec huit minutes d'avance sur le second. Ou de ne pas avoir été Président de la république... quoique je peux encore l'être. Non, mon principal regret restera lié à mon club. Je regrette vraiment que le président de l'AJA, Jean Claude Hamel, ait fait tant d'efforts pour m'écarter...
Un message à passer aux clubs amateurs ?
Plus qu'un message, une vérité. Contrairement à tout ce que j'entends, il est faux de dire qu'il y a de moins en moins de bénévoles. Quand j'étais gosse, trois bénévoles suffisaient pour s'occuper de mon premier club. Aujourd'hui, dans le même club, ils sont trente car le nombre de licenciés a explosé. Je le vérifie tous les jours et ça montre que le football en France reste très vivant.
propos recueillis par J.C.
Guy Roux est comme un poisson dans l'eau dans l'univers de la télé et des médias...
GUY ROUX
Né le 18 octobre 1938 à Colmar
Parcours
Joueur : AJ Auxerre (1954-57), Stade Poitevin (1957-58), Limoges FC (1958-61)
Entraîneur : AJ Auxerre (1961-62), AJ Auxerre (1964-2000), AJ Auxerre (2001-05), RC Lens (2006-07).
Palmarès : champion de France de L2 en 1980, de L1 en 1996, coupe de France 1994, 1996, 2003 et 2005 (finaliste en 1979). 894 matchs de Ligue 1, 91 matchs de coupe d'Europe.
Consultant : TF1 (1984-2005), Canal+ (depuis 2005) et Europe 1 (depuis 1992).
Né le 18 octobre 1938 à Colmar
Parcours
Joueur : AJ Auxerre (1954-57), Stade Poitevin (1957-58), Limoges FC (1958-61)
Entraîneur : AJ Auxerre (1961-62), AJ Auxerre (1964-2000), AJ Auxerre (2001-05), RC Lens (2006-07).
Palmarès : champion de France de L2 en 1980, de L1 en 1996, coupe de France 1994, 1996, 2003 et 2005 (finaliste en 1979). 894 matchs de Ligue 1, 91 matchs de coupe d'Europe.
Consultant : TF1 (1984-2005), Canal+ (depuis 2005) et Europe 1 (depuis 1992).