Elodie Woock a succédé à Franck Pleinecassagne à la tête du Rodez AF en D1 cette saison.
Vous connaissez le football féminin sous tous ses aspects et sous tous ses angles. Objectivement, pensez-vous qu’il y a un problème de gardienne ?
Un problème non ! Un souci, oui, peut-être… Il faut bien admettre que c’est difficile de trouver des gardiennes de qualité. Il en existe bien évidemment, mais elles sont très recherchées et c’est effectivement un poste pour lequel les candidates ne se bousculent pas.
A quoi est-ce dû d’après vous ?
Il y a, je pense, deux raisons principales. La première est liée à un aspect quantitatif. Avec 56 000 licenciées, le football français ne bénéficie pas du même vivier que le football allemand, par exemple, avec son million de pratiquantes en club. Sur la masse, ce dernier peut donc plus facilement repérer des joueuses affichant un profil de gardienne pour le haut niveau. A cet égard, les performances des clubs français en Europe et celles de l’équipe nationale sont particulièrement remarquables.
Et la deuxième raison ?
Il me semble qu’il y a une question de représentation. Lorsqu’une petite fille se dit qu’elle va jouer au foot, elle s’imagine plus facilement dans le champ que dans la cage. L’histoire du football féminin français ne regorge pas de gardiennes charismatiques à même d’être imitées ou de susciter des vocations, à l’image de ce qui s’est passé pour les garçons avec un Fabien Barthez ou un Grégory Coupet, par exemple. Mais les choses sont en train de changer.
Un problème non ! Un souci, oui, peut-être… Il faut bien admettre que c’est difficile de trouver des gardiennes de qualité. Il en existe bien évidemment, mais elles sont très recherchées et c’est effectivement un poste pour lequel les candidates ne se bousculent pas.
A quoi est-ce dû d’après vous ?
Il y a, je pense, deux raisons principales. La première est liée à un aspect quantitatif. Avec 56 000 licenciées, le football français ne bénéficie pas du même vivier que le football allemand, par exemple, avec son million de pratiquantes en club. Sur la masse, ce dernier peut donc plus facilement repérer des joueuses affichant un profil de gardienne pour le haut niveau. A cet égard, les performances des clubs français en Europe et celles de l’équipe nationale sont particulièrement remarquables.
Et la deuxième raison ?
Il me semble qu’il y a une question de représentation. Lorsqu’une petite fille se dit qu’elle va jouer au foot, elle s’imagine plus facilement dans le champ que dans la cage. L’histoire du football féminin français ne regorge pas de gardiennes charismatiques à même d’être imitées ou de susciter des vocations, à l’image de ce qui s’est passé pour les garçons avec un Fabien Barthez ou un Grégory Coupet, par exemple. Mais les choses sont en train de changer.
"Les garçons passent de plus en plus de temps devant leurs ordinateurs et leurs téléphones portables... Parallèlement, le nombre de filles à prendre part aux matchs de la «récré» augmente."
Et sur le plan physique, quelles sont les qualités pour espérer briller à ce poste ?
Ce qu’il faut bien retenir est que, filles ou garçons, il s’agit du même sport. A ce titre, les exigences et les caractéristiques au poste ne vont pas radicalement changer. Alors oui, une fille de grande taille a plus de chance de s’imposer sur les ballons aériens, de la même manière que les qualités de vitesse, d’explosivité et de détente sont indispensables pour s’imposer au haut niveau.
On note tout de même des différences au niveau athlétique, non ?
Forcément. On sait que les gardiennes sautent moins haut et ont moins d’explosivité que leurs homologues masculins. C’est bien normal, mais je peux vous assurer qu’elles n’en demeurent pas moins de sacrées athlètes et des sportives très accomplies.
Ont-elles un point fort qui, en revanche, est plus rare chez les garçons ?
Les filles se déconnectent moins souvent du jeu. Elles font preuve d’une concentration et de capacités d’analyse dont les hommes ne sont pas toujours capables à l’échelle d’un match…
Ce qu’il faut bien retenir est que, filles ou garçons, il s’agit du même sport. A ce titre, les exigences et les caractéristiques au poste ne vont pas radicalement changer. Alors oui, une fille de grande taille a plus de chance de s’imposer sur les ballons aériens, de la même manière que les qualités de vitesse, d’explosivité et de détente sont indispensables pour s’imposer au haut niveau.
On note tout de même des différences au niveau athlétique, non ?
Forcément. On sait que les gardiennes sautent moins haut et ont moins d’explosivité que leurs homologues masculins. C’est bien normal, mais je peux vous assurer qu’elles n’en demeurent pas moins de sacrées athlètes et des sportives très accomplies.
Ont-elles un point fort qui, en revanche, est plus rare chez les garçons ?
Les filles se déconnectent moins souvent du jeu. Elles font preuve d’une concentration et de capacités d’analyse dont les hommes ne sont pas toujours capables à l’échelle d’un match…
Sarah Bouhaddi, la gardienne des Bleues, sera-t-elle à l'origine de nouvelles vocations ?
Vous parliez tout à l’heure d’une évolution vers le haut du football féminin sur le poste de gardienne. Comment cela se traduit-t-il concrètement ?
Par la prise en compte de plus en plus marquée des spécificités du poste et des qualités à développer. On retrouve dorénavant dans les staffs de plus en plus d’entraîneurs spécifiques. Forcément, le niveau moyen s’en trouve très largement amélioré. Cela étant, nous n’en sommes qu’aux prémisses et il reste encore beaucoup de travail à fournir afin que le plus grand nombre bénéficie de cette approche ciblée.
Un spécialiste des questions de psychomotricité expliquait dans les colonnes de Vestiaires que les jeunes filles, d’une manière générale, avaient moins de facilités dans le domaine de la coordination et des déplacements du simple fait qu’elles étaient moins enclines, dès le plus jeune âge, à courir, sauter, attraper des balles et des ballons que les garçons... Cela ne peut-il pas expliquer, entre autres choses, les difficultés que le football féminin rencontre sur ce poste ?
Oui, cette personne a sans doute raison. Les capacités motrices des filles ne sont certes pas inférieures, mais elles sont souvent moins sollicitées, c’est vrai, lors de la période dite de "l’âge d’or des acquisitions". La cour de récréation d’une école primaire est à ce titre un bon exemple. Les garçons sont plus nombreux que les filles à jouer avec un ballon…
Dès lors, les gardiennes sont-elles condamnées à souffrir de la comparaison ?
Certainement pas, et je crois même que c’est précisément le contraire qui va arriver.
Le contraire ?
D’abord, les éducateurs chez les jeunes prennent de plus en plus conscience de l’importance de la psychomotricité. Cette éducation motrice bénéficie donc plus encore aux filles qu’aux garçons. Par ailleurs, il me semble que les courbes d’aptitude des deux genres sont appelées à aller l’une vers l’autre du simple fait que dans les cours de récréation justement, les garçons passent de plus en plus de temps devant leurs ordinateurs et leurs téléphones portables... Parallèlement, le nombre de filles à prendre part aux matchs de la «récré» augmente. Si l’on peut s’attrister du premier constat, on doit tout de même se réjouir du second.
Vous semblez donc relativement optimiste quant à l’avenir des gardiennes dans le football…
Non pas relativement optimiste, mais tout à fait optimiste ! Mes considérations sont corroborées par les faits. Aujourd’hui, dans les compétitions fédérales 14 ans par exemple, on retrouve des jeunes joueuses qui occupent ce poste, pour certaines, depuis 6-7 ans. Les filles qui choisissent de jouer dans la cage le font de plus en plus tôt, tout en étant de mieux en mieux encadrées spécifiquement. C’est bien la marque que les choses bougent, évoluent positivement.
Propos recueillis par J.G.
Par la prise en compte de plus en plus marquée des spécificités du poste et des qualités à développer. On retrouve dorénavant dans les staffs de plus en plus d’entraîneurs spécifiques. Forcément, le niveau moyen s’en trouve très largement amélioré. Cela étant, nous n’en sommes qu’aux prémisses et il reste encore beaucoup de travail à fournir afin que le plus grand nombre bénéficie de cette approche ciblée.
Un spécialiste des questions de psychomotricité expliquait dans les colonnes de Vestiaires que les jeunes filles, d’une manière générale, avaient moins de facilités dans le domaine de la coordination et des déplacements du simple fait qu’elles étaient moins enclines, dès le plus jeune âge, à courir, sauter, attraper des balles et des ballons que les garçons... Cela ne peut-il pas expliquer, entre autres choses, les difficultés que le football féminin rencontre sur ce poste ?
Oui, cette personne a sans doute raison. Les capacités motrices des filles ne sont certes pas inférieures, mais elles sont souvent moins sollicitées, c’est vrai, lors de la période dite de "l’âge d’or des acquisitions". La cour de récréation d’une école primaire est à ce titre un bon exemple. Les garçons sont plus nombreux que les filles à jouer avec un ballon…
Dès lors, les gardiennes sont-elles condamnées à souffrir de la comparaison ?
Certainement pas, et je crois même que c’est précisément le contraire qui va arriver.
Le contraire ?
D’abord, les éducateurs chez les jeunes prennent de plus en plus conscience de l’importance de la psychomotricité. Cette éducation motrice bénéficie donc plus encore aux filles qu’aux garçons. Par ailleurs, il me semble que les courbes d’aptitude des deux genres sont appelées à aller l’une vers l’autre du simple fait que dans les cours de récréation justement, les garçons passent de plus en plus de temps devant leurs ordinateurs et leurs téléphones portables... Parallèlement, le nombre de filles à prendre part aux matchs de la «récré» augmente. Si l’on peut s’attrister du premier constat, on doit tout de même se réjouir du second.
Vous semblez donc relativement optimiste quant à l’avenir des gardiennes dans le football…
Non pas relativement optimiste, mais tout à fait optimiste ! Mes considérations sont corroborées par les faits. Aujourd’hui, dans les compétitions fédérales 14 ans par exemple, on retrouve des jeunes joueuses qui occupent ce poste, pour certaines, depuis 6-7 ans. Les filles qui choisissent de jouer dans la cage le font de plus en plus tôt, tout en étant de mieux en mieux encadrées spécifiquement. C’est bien la marque que les choses bougent, évoluent positivement.
Propos recueillis par J.G.
ÉLODIE WOOCK
Née le 13 janvier 1976 à Mont-Saint-Aignan
Parcours
Joueuse : TOAC (1994-2001), TFC (2001-2009)
78 sélections en équipe de France (3 buts)
Entraîneur : Saint-Simon, Rodez (depuis 2012)
Née le 13 janvier 1976 à Mont-Saint-Aignan
Parcours
Joueuse : TOAC (1994-2001), TFC (2001-2009)
78 sélections en équipe de France (3 buts)
Entraîneur : Saint-Simon, Rodez (depuis 2012)