Ligue des Champions (Quarts) - Le duel franco-allemand aura-t-il un grand gagnant ?

Après des quarts de finale qui ont vu les victoires d'un représentant de chacun des pays, les matchs retour permettront-ils de faire tourner la tendance en faveur d'un seul des deux pays ?



Le Sommer et Harder au match aller (photo VfL)
L'annonce des quarts de finales européens avec les deux clubs français opposer aux deux clubs allemands étaient présentés comme des finales avant l'heure au regard des deux dernières finales de la compétition entre clubs de ces deux pays. Des confrontations classiques qui sont restées serrées à l'issue des matchs. Si dans la belle entre Lyon et Wolfsburg, le champion d'Europe et de France en titre a pris une option avec deux buts d'avance, la seconde opposition entre le PSG et le Bayern s'annonce plus ouverte que jamais.

Les Parisiennes qui n'avaient pas marqué au match aller et restaient sur une défaite à Marseille ont retrouvé péniblement le chemin des filets face à Soyaux (2-0). De quoi se rassurer même si l'équipe parisienne a encore pêché dans la finition. A l'issue du match aller, Patrice Lair regrettait que son équipe n'ait pas été assez tueuse mais restait positif : "Le Bayern a fait preuve d'efficacité allemande. A nous d'être plus efficace au match retour. On va travailler là-dessus. On marquera les deux buts au Parc des Princes, j'en suis persuadé avec l'appui du public. Le public parisien va être derrière nous. On a su en remonter deux contre Lilleström (3-1, 1-4) donc j'y crois fermement et dans une semaine on sera qualifiés." Les Parisiennes qui ont pris rendez-vous avec l'enceinte à l'occasion des deux derniers quarts de finale disputés dans cette compétition espèrent à nouveau se qualifier.

De son côté, les Lyonnaises avec leur avance deux buts ont voulu rester prudentes dans leurs propos et comptent aussi sur le public du Parc OL : "On a un avantage mais il faudra commencer le match comme s’il y avait 0-0. L’appui du public sera important demain, il peut nous aider à aller chercher la victoire" soulignait la capitaine lyonnaise Wendie Renard. Mais l'entraineur du club allemand ne s'avoue pas vaincu : "On a les qualités qu’il faut pour aller chercher la qualification. On a toutes nos chances de gagner". Le duel s'annonce en tout cas animé.

Avantage Allemagne

Les confrontations sont devenues classiques entre les deux pays qui dominent la compétition depuis près d'une dizaine d'années. Depuis 2009, la finale de la Coupe d’Europe oppose presque invariablement un club allemand à un club français. Seul Tyresö en 2014 avait réussi à s’y glisser. Le bilan est légèrement à l’avantage de l’Allemagne avec quatre victoires contre trois, et il l’est encore plus sur l’ensemble de la compétition avec cinq victoires supplémentaires avant que la première équipe française ne parvienne en finale. De plus, quatre équipes allemandes différentes ont remporté le titre contre une seule équipe française.

L’histoire de la Coupe d’Europe puis de la Ligue des Championnes compte 19 confrontations franco-allemandes. Les deux pays ont présentés cinq représentants différents au fil des saisons et chacun a eu l’occasion de franchir le Rhin au moins une fois.

Dès la première édition, Toulouse avait affronté Francfort en demi-finale et avait dû s’incliner au Stade des Sept-Deniers notamment sur un but de Steffi Jones, l’actuelle sélectionneuse de la Frauen-Mannschaft. Montpellier a ensuite affronté lors des deux saisons suivantes le Turbine Potsdam et le FFC Francfort, sans parvenir non plus à prendre le dessus mais en montrant une progression très nette : en 2004, les coéquipières de Camille Abily avaient concédé une lourde défaite 6-0 dans une poule disputée à Potsdam face à celles d’Anja Mittag. Elles avaient ensuite été battues par Torres et Wrocław. La saison suivante sous les ordres de Patrice Lair et à domicile, la phase de poule avait été nettement plus réussie puisqu’après avoir battu Saestum et Neulengbach, elles avaient poussé Potsdam à un nul qualifiant les deux équipes pour les quarts de finales. Puis un tour plus tard, elles avaient été battre Francfort au Stadion am Brentanobad grâce à un but de Ludivine Diguelman mais avaient été éliminées à domicile 3-2 en l’absence de Camille Abily et Sonia Bompastor suspendues et malgré deux nouveaux buts de Ludivine Diguelman.

Montpellier, premier club a éliminé une équipe allemande en 2009

Delie a déjà éliminé le Bayern sous le maillot de Montpellier (photo FCB)
En 2009, c’est l’histoire entre Lyon et l’Allemagne qui débutait. L’adversaire s’appelait Duisbourg et si les Lyonnaises ne disputaient que leur deuxième saison européenne, c’était la première pour leurs adversaires. Après un nul 1-1 à Gerland, les coéquipières de Shirley Cruz étaient balayées par celles d’Alexandra Popp sur un score de 3-1 qui ne reflétait pas entièrement l’écart entre les deux équipes. Ce match est sans doute le dernier où Lyon a été clairement dominé et a concédé une défaite aussi claire et nette.

Le premier renversement de tendance est intervenu la saison suivante. Pour sa première participation, le Bayern Munich a retrouvé Montpellier en huitième de finale et c’est l’équipe de Marie-Laure Delie qui s’est qualifiée aux dépens de celle de Katharina Baunach et Carina Wenninger grâce à un unique but marqué par Hoda Lattaf à la fin de la première période de la prolongation du match retour en Allemagne. C’était la première fois qu’une équipe française éliminait une équipe allemande.

Une autre première avait lieu quelques mois plus tard : Lyon atteignait la finale face au Turbine Potsdam. C’était la première finale pour Lyon et pour une équipe française mais aussi le premier duel d’une longue série entre les deux équipes. Ce jour là, c’est l’équipe de Josephine Henning qui battait celle Wendie Renard à l’issue d’une longue séance de tirs aux buts. La saison suivante, l’actuelle capitaine de l’équipe de France prenait sa revanche sur son actuelle coéquipière, marquant elle-même le premier but avant que Lara Dickenmann – désormais joueuse de Wolfsbourg – ne double la mise pour battre ses futures coéquipières Babett Peter, Isabel Kerschowski et Anja Mittag. Entre temps, le Turbine Potsdam avait marché sur Juvisy en quart de finale. Cela reste le seul adversaire allemand de l’équipe essonnienne.

9 victoires françaises, 7 nuls et 12 victoires allemandes

La tendance se confirmait la saison suivante où l’OL faisait exploser Potsdam en demi-finale sous la pluie de Gerland avant de l’emporter en finale contre Francfort sous le soleil de Munich. Pour sa première apparition européenne, le PSG connaissait moins de réussite. Mais battu 3-0 à l’aller à Francfort, il réussissait au moins à emporter le match retour 2-1 sur un doublé de l’Américaine Allie Long.

Puis Lyon connaissait moins de réussite en perdant d’abord sa première finale contre Wolfsbourg en 2013 sur un pénalty de Martina Müller puis en cédant en huitième de finale contre le Potsdam d’Ada Hegerberg, Pauline Bremer, Nataša Andonova et Lisa Evans malgré une victoire 1-0 à l’extérieur et une rapide ouverture du score au retour. Après ce dernier des quatre affrontements entre les deux clubs, le bilan reste de deux qualifications (ou victoire en finale) partout.

C’est donc le PSG qui a pris la relève en 2015 après avoir éliminé Lyon. Confronté à Wolfsbourg alors invaincu en trois saisons européennes, les coéquipières de Sabrina Delannoy ont réalisé l’exploit d’aller l’emporter 2-0 à l’AOK Stadium à l’issue d’un match parfait. Le retour a été légèrement plus difficile malgré l’ouverture du score très rapide d’Aurélie Kaci puisque les Allemandes ont pris l’avantage en marquant deux fois coup sur coup à un quart d’heure de la fin, se plaçant à un seul but de la qualification. Mais c’est bien le PSG qui se retrouvait en finale. Francfort remportait alors son quatrième titre grâce à un but de Mandy Islacker dans les arrêts de jeu. Enfin la saison dernière c’est donc Lyon qui a remporté la dernière manche en date en battant Wolfsbourg aux tirs aux buts en finale.

L’avantage est globalement à l’Allemagne avec dix qualifications contre six mais les confrontations ont souvent été serrées. Potsdam compte quelques gros scores (victoire 6-0 contre Montpellier, 3-0 puis 6-2 contre Juvisy, défaite 5-1 contre Lyon) mais 17 des 28 matchs disputés se sont achevés avec un écart n’excédant pas un but.

SD, avec CHR$

Confrontations franco-allemandes en Coupe d’Europe

2016-2017 (Quart) : Wolfsbourg - Lyon : 0-2 / -
2016-2017 (Quart) : Bayern - PSG : 1-0 / -
2015-2016 (Finale) : Wolfsbourg - Lyon 1-1
2014-2015 (Finale) : Francfort - PSG 2-1
2014-2015 (Demi-finale) : Wolfsbourg - PSG 0-2 / 2-1
2013-2014 (Huitième) : Potsdam - Lyon 0-1 / 2-1
2012-2013 (Finale) : Wolfsbourg - Lyon 1-0
2011-2012 (Finale) : Lyon - Francfort 2-0
2011-2012 (Demi-finale) : Lyon - Potsdam 5-1 / 0-0
2011-2012 (Huitième) : Francfort - PSG 3-0 / 1-2
2010-2011 (Finale) : Potsdam- Lyon 0-2
2010-2011 (Quart) : Juvisy - Potsdam 0-3 / 2-6
2009-2010 (Finale) : Potsdam - Lyon 0-0
2009-2010 (Huitième) : Montpellier - Bayern 0-0 / 0-1
2008-2009 (Demi-finale) : Lyon - Duisbourg 1-1 / 1-3
2005-2006 (Demi-finale) : Francfort - Montpellier 0-1 / 3-2
2005-2006 (Poules) : Potsdam - Montpellier 0-0
2004-2005 (Poules) : Potsdam - Montpellier 6-0
2001-2002 (Demi-finale) : Toulouse - Francfort 1-2 / 0-0

Le bilan par club

Équipe C M V N D Q E BP BC Toulouse 1 2 0 1 1 0 1 1 2 Montpellier 4 6 2 2 2 1 2 4 9 Lyon 9 12 5 4 3 4 4 16 9 Juvisy 1 2 0 0 2 0 1 2 9 PSG 4 6 2 0 4 1 2 6 9 Total France 19 28 9 7 12 6 10 29 38 Francfort 5 8 4 1 3 3 1 11 9 Potsdam 7 10 4 3 3 4 2 18 11 Duisbourg 1 2 1 1 0 1 0 4 2 Bayern 2 3 1 1 1 0 1 1 1 Wolfsbourg 4 5 2 1 2 2 2 4 6 Total Allemagne 19 28 12 7 9 10 6 38 29

Mercredi 29 Mars 2017
Sebastien Duret