Le Nigeria : une courte victoire entachée d’une immense tristesse
« C’était un match compliqué contre une bonne équipe qui se qualifie souvent en Coupe du monde et qui avait gagné la dernière CAN. Il y avait une certaine appréhension car le premier match donne souvent le ton de la compétition. Et on a eu la bonne idée de les écraser 1-0. Si on fait 0-0 sur ce match là, on peut être éliminé au goal average par la suite.
Cette victoire est un grand moment de bonheur qui est malheureusement couplé avec un grand malheur puisqu’on apprend que le papa de Laëtitia (Philippe) est décédé pratiquement pendant le match. Cela nous a tous attristé car Laëtitia c’était « la petite dernière » ? elle étais heureuse de participer à cette Coupe du Monde. La vie, hélas, reprend souvent d’une main ce qu’elle a donné de l’autre. On a été très prévenant, on lui a laissé le choix, c’est le mieux qu’on avait à faire. Elle avait déjà fait quelques allers-retours pendant la préparation en France. On l’a vraiment laissé libre car c’est un moment extrêmement difficile dans une vie. On a essayé d’amortir le choc avec nos armes mais on est démuni face à ce genre de situations. En tout cas, elle a été très courageuse, très soutenue. Je sais qu’à Montpellier, Sarah M’Barek l’a aidée et a fait un boulot magnifique. Elle est revenue juste avant l’Allemagne, heureusement, car après l’expulsion de Bérangère, si Céline (Deville) se blesse, on n’aurait plus eu de gardienne. »
Cette victoire est un grand moment de bonheur qui est malheureusement couplé avec un grand malheur puisqu’on apprend que le papa de Laëtitia (Philippe) est décédé pratiquement pendant le match. Cela nous a tous attristé car Laëtitia c’était « la petite dernière » ? elle étais heureuse de participer à cette Coupe du Monde. La vie, hélas, reprend souvent d’une main ce qu’elle a donné de l’autre. On a été très prévenant, on lui a laissé le choix, c’est le mieux qu’on avait à faire. Elle avait déjà fait quelques allers-retours pendant la préparation en France. On l’a vraiment laissé libre car c’est un moment extrêmement difficile dans une vie. On a essayé d’amortir le choc avec nos armes mais on est démuni face à ce genre de situations. En tout cas, elle a été très courageuse, très soutenue. Je sais qu’à Montpellier, Sarah M’Barek l’a aidée et a fait un boulot magnifique. Elle est revenue juste avant l’Allemagne, heureusement, car après l’expulsion de Bérangère, si Céline (Deville) se blesse, on n’aurait plus eu de gardienne. »
Canada, match référence et qualification
« C’est une nation qui était devant nous au classement mondial et qui avait été championne de la Zone CONCACAF. Les USA ont même fini troisième et ont été obligés de passer par les barrages. C’est une équipe qui avait même gagné le tournoi de Chypre mais ce jour-là on a eu une super Gaëtane, une super Louisa... On a réussi tout ce que l’on a entrepris et, en plus, on a marqué de jolis buts. Le but de la tête de Camille (Abily) est un but d’école, Gaëtane (Thiney) en met un autre sensationnel et Elodie (Thomis) fait parler sa qualité de dribble et sa vitesse sur le dernier mais malgré ça on n’est pas encore qualifié pour les quarts de finale parce qu’il faut que l’Allemagne batte le Nigeria le soir. On donne rendez-vous à l’hôtel à tout le monde car on ne sait jamais comment ça peut tourner. On regarde le match contre l’Allemagne sur un grand écran et à la fin (victoire de l'Allemagne 1-0) c’est un vrai moment de bonheur qu’on a partagé avec des supporters, des parents, des amis de joueuses, les journalistes... »
L’Allemagne, les supporters alsaciens et les bienfaits de la défaite
« On se prépare sereinement car on est déjà qualifiés, parce que si on doit gagner l’Allemagne pour aller en quart de finale, ce n’est pas pareil. Mais l'atmosphère était différente. Déjà, l’hôtel était un bunker où il fallait montrer patte blanche. Les joueuses se croisaient dans l’hôtel et c’était limite correct. Puis vient le match devant 48 000 personnes dont 45 000 allemands qui supportent leur équipe. Il y avait aussi pas mal d’Alsaciens aussi, ils se sont bien débrouillés puisqu’il y en avait presque à tous les matches. La Ligue d’Alsace et Erny Jacky ont fit un boulot remarquable. On passait un petit moment avec eux derrière les grilles juste avant de monter dans le bus. C’est normal d’aller voir nos supporters, ils font des efforts pour venir nous voir et le lendemain ils se lèvent tôt pour aller travailler. La moindre chose c’est d’aller les saluer. Pour en revenir au match, on a un moment de flottement au début du match, on souffre, on prend deux buts mais on revient bien et nous sommes bien en place jusqu’à ce penalty. Après ce fait de jeu on ne peut plus rien faire. Je tiens à préciser que les filles n’ont pas dit un mot, n’ont pas contesté. Malgré tout on fait une bonne partie, on revient à 3 à 2 et on les a fait douter… Je me dis qu’on peut bâtir quelque chose sur ce qu’on fait les filles. Et finalement, cette défaite nous permet aussi de rester dans le même hôtel, d’éviter les heures de trajet. Quand tu bouges, tu perds une énergie exceptionnelle là on avait nos habitudes avec l’hôtel, le terrain d’entraînement, c’était très bien. Et puis si on était tombé contre le Japon en quarts de finale, ça n’aurait peut-être pas été la même limonade. Comme quoi ça ne sert à rien de tirer des plans sur la comète. »
Les séances vidéo
« On a notre fonctionnement, on fait un retour de match en montrant 60-70 actions et on montre aux filles le positif et le négatif. Les filles ont aussi eu accès à des écrans plats, reliés à des ordinateurs et elles pouvaient voir toutes leurs actions individuelles, leurs statistiques personnelles, ça leur a bien plu. L’avant-veille du match il y avait toujours une présentation de l’adversaire par Thierry Marszalek, Paul Gérard Savelli et Pascale Jacquemond. Ils bossaient 16 à 17 heures par jour, ils saisissaient toutes les actions, c’était un vrai bonheur de travailler avec eux. »
Un match fou
« On doit gagner ce match par un ou deux buts d’écart, et puis on se prend ce but et ça devient forcément compliqué. On pousse jusqu’au bout sans balancer de longs ballons et on est récompensé par ce but d’Elise (Bussaglia). On pensait que les Anglaises auraient pris un coup au moral pendant les prolongations mais non. Il y a ensuite cette séance de tirs aux buts avec le premier tir raté de Camille Abily. Cela aurait été trop cruel qu’elle porte ça sur elle car tu aurais beau eu lui dire que ce n’était pas sa faute, elle l’aurait quand même prise pour elle. Je pense qu’elle aurait eu du mal à s’en remettre, c’est bien qu’on ait gagné car Camille ne méritait pas une fin de compétition comme cela…
Les Pays-Bas dans un coin de la tête
« A la fin, c’est une joie mesurée, j’ai pris assez de distance et la première chose que je vais faire c’est saluer la coach anglaise. Je me vois mal courir partout ce n’est pas mon style. C’est une joie à la mesure de ma déception il y a deux ans (ndlr : quand la France a perdu contre les pays bas en ¼ à l’Euro en 2009) et je me dis que la coach anglaise (Hop Powell) doit connaître la même déception que j’ai connu deux ans auparavant. Et puis il y a une dizaine de minutes de bonheur, on remercie les spectateurs car le stade avait pris fait et cause pour nous, ils avaient été séduit par notre jeu, notre fraîcheur. »
Le hall de gare, les J.O., les trois glorieuses
(photo LMP/E Baledent)
« On arrive ensuite à l’hôtel et c’est un véritable hall de gare. On voit que l’Allemagne est en train de perdre 1-0 face au Japon et je me dis : « La vie, tu ne va pas tout me donner le même jour quand même ! » Car si en plus d’être en demi-finale, on va aux J.O... Je m’enferme alors dans ma chambre pour les cinq dernières minutes je m’isole dans le patio de l’hôtel, mais je n’y crois pas, je suis persuadé que les allemandes vont égaliser et gagner aux tirs aux buts car elles étaient tellement programmées pour gagner. J’entends des cris, je sors et il y a Laure Boulleau qui me tombe dans les bras et me dit : « On va aux J.O.! » Les J.O. ? On rêve tous de ça que tu sois athlète ou coach. Et si Dieu me prête vie jusque-là, j’aurai fait les trois glorieuses c'est-à-dire trois phases finales (Euro, Coupe du monde et J.O.). »
Une fête impromptue
« Le soir, j’avais demandé aux filles, par respect pour les Anglaises, de ne pas faire la fête et j’ai eu un petit moment de doute quand je suis descendu, vers une heure du matin, en short et en claquettes, car je n’avais plus de connexion internet. Ça faisait un boucan, ça chantait. L’espace de deux secondes, je me suis dit : « Ce n’est pas possible, elles ne m’ont pas fait ça ». Et puis j’ai vu un grand poste avec la musique à fond et toutes les joueuses ainsi que le staff anglais, les amis, les parents les journalistes qui fêtaient la fin de la Coupe du monde. J’ai bu un coup avec Rachel Yankey et Hope Powell avec qui j’ai refait le monde jusque tard dans la nuit. Ça reste un bon souvenir, un bon moment de partage. Je ne sais pas si mes filles auraient fait pareil, ce n’est pas dans notre culture de faire la fête quand on a perdu. »
Un avant et un après Leverkusen
« Le cœur des français a basculé sur ce match à cause de sa dramaturgie. Si on gagne 2-0, ce n’est plus pareil. On a gagné 10 ans comme on aurait pu en perdre 10. Les gens auraient pu dire : « Ils sont gentils mais ils ne passent jamais les ¼ de finale d’une grande compétition ». Notre cote d’amour a fait un bond. Ce match nous a donné plus que la qualification pour les J.O. et puis il y a cet état d’esprit cette fraîcheur. Pour le foot féminin français, je pense qu’il y aura définitivement un avant et un après France-Angleterre. C’est peut-être la date la plus importante de notre histoire. »
A Orléans, Thibault Simonnet
A Orléans, Thibault Simonnet