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Coupe du Monde U17 - Interviews croisés de trois jeunes championnes du Monde

Elles sont toutes mineures, françaises, footballeuses internationales, et possèdent depuis un mois un nouveau point commun : celui d’être les nouvelles Championnes du Monde U17 Féminines. Delphine Cascarino (milieu), Cindy Perrault (gardienne) et Ghoutia Karchouni (milieu), respectivement 15, 16 et 17 ans, se sont livrées à travers une interview sans langue de bois. (par Mikhaël Defoly)



Ghoutia Karchouni avec la capitaine Sandie Toletti (photo CD)
Ghoutia Karchouni avec la capitaine Sandie Toletti (photo CD)
Le Mondial a commencé de façon difficile. Un voyage de 15h, 3h de décalage horaire… L'acclimatation n’a pas été très facile pour le groupe…
Ghoutia Karchouni : Si, ça a été plutôt facile car on avait de l’enthousiasme pour partir en Coupe du Monde. Le groupe vit bien, on était plutôt contentes de partir.

Quelle était l’ambiance justement au sein de ce groupe ?
Cindy Perrault : Super bonne, on rigolait toutes ensemble, il n’y en a pas une qui était à l’écart du groupe. Qu’il s’agisse des remplaçantes ou des joueuses, il n’y a jamais eu de prise de tête.
Delphine Cascarino : Et puis on s’entend aussi bien sur le terrain qu’en dehors, donc c’est vrai que c’est important.

Etats-Unis, Corée du Nord, Gambie : la France a commencé la compétition dans un groupe très relevé. Est-ce que vous avez eu peur avant d’aller à ce Mondial ?
D.C. : Peur non, personnellement j’ai toujours rêvé de jouer contre les Etats-Unis, et donc j’avais encore plus envie de les gagner, c’était une des équipes les plus fortes du tournoi. Après, la meilleure équipe, c’était la Corée du Nord, et même malgré le faible niveau de la Gambie, c’était quand même un match difficile parce qu’on avait beaucoup de buts à marquer (la France devait l’emporter par 7 buts d’écart pour se qualifier à la différence de buts, ndlr).

"On est un groupe soudé"

Delphine Cascarino (photo CD)
Delphine Cascarino (photo CD)
Qu’est-ce qui fait la force de cette équipe de France ?
D.C. : Le collectif.
C.P. : Le mental, la force et l’esprit d’équipe. Moi-même, j’ai été impressionnée par la qualité et le niveau de jeu que l’on a pu produire, notamment lors du premier match contre les USA (0-0). On a cru qu’elles nous étaient supérieures, mais non.
G.K. : C’est vrai, on est complet à tous les postes. Ça va de la goal, rassurante dans sa cage, aux arrières qui sont là pour combler les erreurs, la défense est en confiance. Nous, les milieux, on a le temps de prendre le ballon et on parle beaucoup sur le terrain, et en attaque les filles sont souvent bien placées pour réceptionner la balle et faire des appels. En plus, on a appris à chaque match, on a eu une vraie progression.

Et votre équipe a-t-elle des défauts ?
G.K. : Sincèrement, je pense qu’on a des faiblesses, mais on les comble toujours. Les filles font toujours beaucoup d’efforts pour gommer les erreurs où ce qui ne va pas, car certaines ont plus de qualités que d’autres, mais on est un groupe soudé et on fait les efforts ensemble.

Ghoutia, l’équipe de France a terminé à deux reprises en supériorité numérique, en quarts et en demi-finale. Comment tu l’expliques ?
G.K. : Dans notre équipe, on joue beaucoup en passes, donc il y a la technique, et à force de faire tourner le ballon, de toujours provoquer, les adversaires s’énervent et taclent, c’est frustrant pour eux. Après ils prennent des cartons et finissent en infériorité.

Cindy Perrault et Noémie Carage (photo CD)
Cindy Perrault et Noémie Carage (photo CD)
Delphine, tu as pris part à toutes les rencontres du Mondial, réussi tes deux tirs aux buts (en 1/4 et en finale) et délivré 3 passes décisives contre la Gambie. Quel bilan personnel tires-tu de ce Mondial ?
D.C. : Je pense que j’ai essayé de montrer mon jeu, même si quelquefois j’aurais pu faire mieux. Mais dans l’ensemble je suis contente.
G.K. : Quant à moi, je retiens que j’ai eu la chance de faire parti d’un groupe aussi beau et d’une aussi belle expérience, parce que jouer une Coupe du Monde, c’est quand même beau ! En plus on a ramené un titre, une médaille d’or…
C.P. : Personnellement, c’était une belle expérience.

Justement, Cindy, malheureusement tu n’as pas joué un seul match dans les cages des Bleues. Est-ce que tu ne souffres pas trop de la concurrence avec Romane Bruneau, qui a par ailleurs été excellente ?
C.P. : Non, pas du tout ! On se connaît depuis super longtemps avec Romane, j’ai déjà joué contre elle quand on était petite mais j’ai pas du tout souffert de ce tournoi, il n’y a aucune jalousie (les deux joueuses ont débuté le football dans le Maine-et-Loire d'où elles sont originaires, ndlr)

Quel a été le rôle de Guy Ferrier, votre tout nouveau sélectionneur, pendant ce Mondial ?
C.P. : Ça a été un tuteur. Il nous recadrait quand ça n’allait pas, il nous conseillait aussi à chaque fois. Il nous donnait ses tactiques. C’est vraiment très important, on regardait des vidéos un jour avant les matchs, pour voir les autres équipes, on regardait notamment leurs placements, la joueuse à surveiller…
G.K. : Je suis d’accord. Avec Paco Rubio, on faisait un beau jeu, mais Guy a amené sa touche au niveau tactique. Il nous mettait la pression en matchs amicaux sur la tactique, et pendant le Mondial il nous rassurait, nous disait que ce n’était qu’un match de football…
D.C. : Il nous disait aussi de ne pas se laisser impressionner, de ne pas être stressées par le public.

« Cette Coupe du Monde elle est à nous ! »

Le groupe à la fête après leur victoire contre la Gambie
Le groupe à la fête après leur victoire contre la Gambie
Y a-t-il eu un « déclic », un « match référence » au cours duquel vous vous êtes dit : « On va être championnes du Monde » ?
G.K. : En demi-finale. Le Japon était favori en quarts, et on a vu que le Ghana l’a éliminé et s’est présenté face à nous en demies. A ce moment-là, la plupart de l’équipe était curieuse, on s’est dit que le Ghana était fort, et quand on est arrivé en demies on s’est dit « cette Coupe du Monde elle est à nous ! ».

Si vous deviez définir en un mot le sentiment que vous avez eu après le titre remporté ?
D.C. : Fierté. Celle de représenter la France et de gagner ce trophée.
G.K. : Soulagement. On a quand même fini aux penalties ! (La France l’a emporté en finale contre la Corée du Nord, 1-1 6 tab à 5). Aux quarts (tirs aux buts contre le Nigéria, 0-0 5 tab à 3), on étaient stressées, alors que pendant la finale, on était sûres de notre force. On aurait préféré gagner dans le jeu. Après, aux penalties, c’est beau aussi, ça prouve que l’on a grandi, parce qu’on avait perdu trois mois plus tôt en finale de coupe d’Europe contre l’Allemagne, déjà aux tirs aux buts (1-1, 3 tab à 4).
C.P. : Énorme ! D’un coup, il y a plus de monde qui s’intéresse au foot féminin, des gens qui nous on regardé et m’ont dit : « on ne pensait pas que c’était comme ça, le foot féminin ». J’ai aussi beaucoup de demandes au niveau des journalistes, et de demandes d’amis sur Facebook.

Pour terminer, quels sont vos projets de carrière ? Est-ce que cette victoire vous pousse à devenir joueuse professionnelle ?
G.K. : Oui, mon objectif principal, c’est d’être professionnelle. Après, je ne sais pas dans quel club ce sera, mais j’espère vraiment être pro.
C.P. : J’ai toujours voulu aller plus loin, donc là ça donne encore plus envie. Ce titre prouve que chaque année on progresse, il y aura plus de concurrence au fur et à mesure, et c’est ce qui est bien dans le foot féminin.
D.C. : Oui, ça m’a donné encore plus envie de réussir, même si je sais que c’est dur et que tout peut arriver dans une saison. C’est vrai que ça motive beaucoup. Après, si tout se passe bien, il a un Euro cette année et un autre l’année prochaine, et dans deux ans une autre Coupe du Monde au Costa Rica (Plus jeune joueuse de la sélection, Delphine Cascarino serait la seule joueuse à pouvoir participer à une nouvelle Coupe du Monde U17 dans deux ans, ndlr).

Propos recueillis par Mikhaël Defoly

BIOS EXPRESS...

Ghoutia KARCHOUNI
Née le 29 mai 1995 à Lyon
Milieu de terrain défensif
1,64 m
Parcours : AS Pusignan (2002-2004), AS Saint-Priest (2004-2010), Olympique Lyonnais (depuis 2010)
Sélections : U17 (19), U16 (4)
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Cindy PERRAULT
Née le 26 janvier 1996 à Angers
Gardienne de but
1,71 m
Parcours : Montreuil Juigné Béné Féminine (2007-2011), Olympique Lyonnais (depuis 2011)
Sélections : U17 (2), U16 (6)
PLUS D'INFOS

Delphine CASCARINO
Née le 5 février 1997 à Saint-Priest
1m64
Milieu de terrain offensif
Parcours : AS St Priest (2006-2007), AS Manissieux St Priest (2007-2009), Olympique Lyonnais (depuis 2009)
Sélections : U17 (8), U16 (5)
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Mardi 30 Octobre 2012
Sebastien Duret

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