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Coupe du Monde U20 - Talents, Promesses et Tricolores

Fin août, plus de 500 joueuses étaient engagées dans la onzième édition de la Coupe du monde des moins de vingt ans. Toutes n'ont pas joué, certaines n'ont fait qu'un tour rapide sur les terrains colombiens, d'autres se sont distinguées malgré un temps de jeu plus ou moins important. Retour sur des joueuses qui auront su se faire remarquer.



Ballons et alternatives

La Nord-Coréenne Choe Il-son a reçu le Ballon d'or et le Soulier d'or adidas  Le Ballon d'argent adidas est revenu à la Japonaise Manaka Matsukubo (photo FIFA.com)
La Nord-Coréenne Choe Il-son a reçu le Ballon d'or et le Soulier d'or adidas Le Ballon d'argent adidas est revenu à la Japonaise Manaka Matsukubo (photo FIFA.com)
Ballon d'Or : Choe Il Son (Corée du Nord)

La jeune attaquante née en 2007 -elle pourra donc être présente dans deux ans- termine la compétition avec les titres de Soulier d'Or et Ballon d'Or à son palmarès en plus du titre remporté au sein d'une sélection nord-coréenne dominante. Un vrai poison pour les défenses, elle aura été chercher ses deux distinctions individuelles en demi-finale et en finale, deux matchs au cours desquels elle aura marqué l'unique but de la rencontre. Elle sait parfaitement se fondre dans l'excellent collectif nord-coréen mais elle est également capable de faire la différence toute seule, à l'image de son but en finale face au Japon.

Aussi : Chae Un Yong. Si sa jeune compatriote n'avait pas terminé en tête du classement des buteuses en se montrant décisive lors des deux derniers matchs, la capitaine nord-coréenne aurait pu prétendre au titre de meilleure joueuse. Véritable métronome de l'équipe, elle aura fait souffrir les défenses depuis son aile droite, faisant régulièrement apprécier ses qualités de débordement et de centre. Privilégiant souvent le collectif à l'exploit personnel, elle aura malgré tout inscrit l'unique but de la rencontre en quart de finale contre le Brésil.

Ballon d'Argent : Manaka Matsukubo (Japon)

Un an après avoir fait ses débuts en NWSL, Matsukubo était la star annoncée d'une équipe japonaise qui se présentait sans Maika Hamano ni Aoba Fujino, passées à l'étage supérieur. Libre dans son rôle de numéro 10, elle aura souvent su apporter le danger sur les buts adverses et c'est en demi-finale qu'elle aura réalisé son match référence, inscrivant un doublé contre les Pays-Bas (2-0) pour qualifier le Japon en finale. Elle aura globalement tenu son rang et aura été comme toutes ses coéquipières impuissante en finale face à la Corée du Nord.

Aussi : Shinomi Koyama. La capitaine japonaise aura probablement été la meilleure joueuse de son équipe. Indispensable au cœur du jeu, elle aura régalé par son activité, son calme, sa qualité de passe et sa vision du jeu. Celle qui a rejoint le club suédois de Djugarden pour la saison 2024 ne devrait pas s'y éterniser tant elle aura montré des qualités qui pourraient lui permettre de se hisser au niveau de certaines de ses compatriotes évoluant dans des grands clubs anglais ou américains notamment. N'oublions pas non plus la jeune Miyu Mitsunaga qui a gagné sa place de titulaire sur l'aile droit et s'annonce comme une joueuse importante de la sélection en 2026, et Maya Hijikata, cinq buts et Soulier de Bronze de la compétition, qui a montré un bon sens du but.

Ballon de Bronze : Ally Sentnor (États-Unis)

La capitaine américaine au rôle offensif aura tenu son rang, étant régulièrement à la baguette pour orienter les attaques états-uniennes. Plus discrète en début de compétition, elle est montée en régime lors de la phase finale avec deux buts notamment, et a aidé à renverser la situation très mal embarquée face à l'Allemagne en quart de finale. Le premier choix de la dernière draft NWSL est un grand espoir au profil plus créatif qu'athlétique, avec une bonne vision du jeu, et elle pourrait rapidement se faire une place avec les A.

Aussi : Riley Jackson. La jeune milieu de terrain, qui évolue un cran derrière sa capitaine, a fait preuve d'une belle vision de jeu et d'une jolie qualité de passe, qu'il s'agisse de renversements de jeu et les passes verticales. A souligner aussi le pied gauche de qualité de la jeune ailière Emeri Adames, plus inconstante mais capable de faire de belles différences sur son aile gauche.

Fin d'aventure prématurée

Le parcours de leur sélection s'est arrêté plus ou moins tôt, mais ces joueuses ont montré de belles choses et on aurait aimé en voir plus...

Lucia Corrales (Espagne, éliminée en quart de finale) : au sein d'une génération espagnole un ton en-dessous des précédentes, qui aurait pu aller plus loin dans la compétition si elle n'avait pas croisé si tôt la route du Japon, Lucia Corrales a été un vrai atout dans son couloir, une dynamiteuse qui fait de belles différences et accumule les passes décisives, ce qui a profité notamment à Jone Amezaga, meilleure buteuse espagnole de la compétition avec trois réalisations.

Dudinha (Brésil, éliminée en quart de finale) : c'est sa compatriote Vendito qui a remporté le titre de Soulier d'Argent grâce à cinq buts inscrits en phase de poule, dont deux doublés face à aux Fidji et à la France, deux défenses défaillantes, mais c'est Dudinha qui a fait la différence en match éliminatoire pour permettre au Brésil de se sortir du piège camerounais en huitièmes de finale, avec un doublé tout en volonté et puissance pour gagner le droit d'affronter l'épouvantail nord-coréen.

Naomi Eto (Cameroun, éliminée en huitièmes de finale) : la capitaine d'une belle sélection camerounaise a joué un rôle prépondérant dans la qualification -dès sa première participation- pour les huitièmes de finale. Un doublé pour tenir en échec le Mexique, un but lors de la victoire contre l'Australie pour aller chercher la qualification, elle a ensuite ouvert le score contre le Brésil en huitièmes de finale -défaite en prolongation- et aura globalement été un danger à chaque prise de balle. Elle aurait certainement pu prétendre à des distinctions individuelles si la sélection avait été plus loin dans la compétition.

Femke Liefting (Pays-Bas, quatrième) : désignée meilleure gardienne de la compétition, elle fut un rouage essentiel de la sélection qui a une nouvelle fois atteint les demi-finales. Privées de plusieurs joueuses cadres, les Néerlandaises ont pu compter sur les arrêts de son dernier rempart malgré un nombre plutôt important de buts concédés. Elle a notamment été décisive lors de la séance de tirs au but face au pays-hôte, la Colombie, en quarts de finale. A suivre également la nouvelle joueuse de Chelsea, Veerle Buurman (2006), qui a déjà fait montre d'une belle maturité.

Chiamaka Okwuchukwu (Nigeria, éliminée en huitièmes de finale) : meilleure joueuse de sa sélection lors des qualifications, elle aura encore fait souffrir les défenses adverses pendant le tournoi, dans un style parfois un peu brut de décoffrage qui n'est pas sans rappeler son illustre prédécesseure Asisat Oshoala. Buteuse aussi bien que passeuse, elle fait surtout de grosses différences par sa vitesse et sa puissance, bien aidée entre autres par les ex-Rémoises Rofiat Imuran et Flourish Sabastine sur les ailes.

Parmi les équipes éliminées dès la phase de groupe ou en huitièmes de finale, on peut souligner en vrac les bonnes performances de joueuses telles que Stella Nyamekye (2005, Ghana), Annabelle Chukwu (2007) et Janet Okeke (2006, Canada), Milly Clegg (2005, Nouvelle-Zélande) et enfin les Autrichiennes Mariella El Sherif et Chiara d'Angelo (2004), clés dans le bon parcours de la sélection

Rendez-vous en 2026

Les joueuses suivantes sont nées en 2006 ou après, et se sont déjà montrées à leur avantage cette année. La Nord-Coréenne Choe Il Son, discutée plus haut, fait naturellement partie de cette sélection.

Aïcha Camara (Espagne, éliminée en quart de finale) : la jeune défenseure s'est montrée très solide au sein de l'arrière-garde hispanique, avec des qualités physiques lui permettant de bien gérer la profondeur et de se montrer très solide dans les duels. Capable d'apporter également offensivement, elle a fait forte impression et peut voir loin si elle continue à progresser.

Kishi Nunez (Argentine, éliminée en huitièmes de finale) : la grinta personnalisée. La jeune attaquante argentine peut se targuer d'avoir inscrit un doublé contre les futures championnes du monde avant d'être décisive pour accrocher le match nul face aux Pays-Bas, puis d'inscrire le but de la victoire synonyme de qualification face au Costa Rica. Elle n'a pas froid aux yeux et n'hésite pas à tenter sa chance de très loin avec succès, et ne relâche jamais ses efforts. Malheureusement pour elle, son tournoi a pris fin dès la première période des huitièmes de finale avec une sortie sur blessure dans un match largement perdu au final par l'Argentine.

Montserrat Saldivar (Mexique, éliminée en huitièmes de finale) : avec Alice Soto, déjà expérimentée avec plusieurs Coupes du monde à son actif, Saldivar sur son aile gauche (mais qui peut évoluer un cran plus bas) a apporté beaucoup de dynamisme et a fait du mal aux défenses. Si le Mexique a été éliminé prématurément pas son meilleur ennemi, les Etats-Unis, c'est en dépit de ses efforts car ses adversaires n'auront pas su la contenir.

Alara Sehitler (Allemagne, éliminée en quart de finale) : la jeune milieu a réussi à se faire une place au sein d'un collectif plutôt homogène, de Jella Veit à Loreen Bender (quatre buts), Mathilde Janzen à Sophie Nachtigall ou encore Cora Zicai. Elle pourrait avoir les clés de la sélection d'ici deux ans dans un rôle de meneuse de jeu puissante, capable de faire la différence aussi bien dans le jeu grâce notamment à sa technique que sur coups de pieds arrêtés.

Karla Torres (Colombie, éliminée en quart de finale) : dans l'ombre de la grande star Linda Caicedo, qui aura tenu son rang mais aura régulièrement tergiversé entre la solution collective et l'initiative personnelle, Torres s'est fait un nom en marquant un doublé lors du quart de finale face aux Pays-Bas, permettant à sa sélection de mener à deux reprises et d'entrevoir la qualification en demi-finales. Avant, elle avait montré une belle activité et une capacité à faire des différences.

Côté Bleuettes

Cette Coupe du monde aura été une faillite collective du côté de l'Équipe de France. Sans plusieurs joueuses importantes et une préparation réduite, elle n'a pas non plus pu se reposer sur plusieurs cadres annoncées et si certaines ont tenu leur rang, ce sont surtout des joueuses arrivées plus récemment qui ont su sortir leur épingle du jeu : Juliette Mossard aura certainement été la plus grande satisfaction côté tricolore, une des rares Tricolores à montrer de la volonté et un état d'esprit conquérant qu'elle va désormais étaler sur les terrains de Première Ligue. Liana Joseph était attendue et aura peut-être moins joué que nécessaire, mais son alliance de vitesse, puissance et technique aura déjà fait des dégâts dans les défenses adverses. Il lui aura peut-être manqué d'un poil d'efficacité et de réussite pour faire basculer le destin de la France. Elle sera normalement avec les Mendy au milieu du terrain une cadre de la sélection dans deux ans, à condition bien sûr de se qualifier et de voir son club la laisser à disposition de la sélection.

Lundi 23 Septembre 2024
Charlotte Vincelot

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