Bernard Desumer, vice-Président de la FFF (photo : Eric Baledent)
Bernard Desumer, connaissiez-vous le foot féminin avant de venir à cette Coupe du monde ?
Pas très bien. Quand on est dirigeant de la Fédération, on est essentiellement focalisé sur les garçons. Il y a deux mois, Bruno Bini était venu en Lorraine pour encadrer un stage de recyclage d'éducateurs. Et à cette occasion, il m'a dit : « On se sent comme les parents pauvres de la Fédération et on ne nous apporte pas le soutien qu'on devrait nous apporter. » Je lui avais alors promis que si ma liste était élue, le 18 juin, ma première sortie de vice-président délégué serait pour le foot féminin car les filles jouaient à Calais contre la Belgique. J'ai tenu parole. Et comme j'habite à 200km de Sinsheim, je suis aussi allé les voir contre le Nigeria.
Que vous inspirent ces Bleues ?
Elles ont fait une belle Coupe du monde, c'est d'ailleurs la première fois qu'elles se rendent en demi-finale et qu'elles vont aux J.O. Le filles ont produit du jeu, j'ai pris beaucoup de plaisir à être avec elles. C'est un groupe sain, proche des valeurs du foot. On est sérieux sans se prendre au sérieux. Il y a une fraîcheur, c'est réjouissant.
Pas très bien. Quand on est dirigeant de la Fédération, on est essentiellement focalisé sur les garçons. Il y a deux mois, Bruno Bini était venu en Lorraine pour encadrer un stage de recyclage d'éducateurs. Et à cette occasion, il m'a dit : « On se sent comme les parents pauvres de la Fédération et on ne nous apporte pas le soutien qu'on devrait nous apporter. » Je lui avais alors promis que si ma liste était élue, le 18 juin, ma première sortie de vice-président délégué serait pour le foot féminin car les filles jouaient à Calais contre la Belgique. J'ai tenu parole. Et comme j'habite à 200km de Sinsheim, je suis aussi allé les voir contre le Nigeria.
Que vous inspirent ces Bleues ?
Elles ont fait une belle Coupe du monde, c'est d'ailleurs la première fois qu'elles se rendent en demi-finale et qu'elles vont aux J.O. Le filles ont produit du jeu, j'ai pris beaucoup de plaisir à être avec elles. C'est un groupe sain, proche des valeurs du foot. On est sérieux sans se prendre au sérieux. Il y a une fraîcheur, c'est réjouissant.
« On ne trouve plus cette fraîcheur, cette spontanéité chez les garçons »
C'est la différence avec les garçons ?
Oui parce que chez les garçons, la pression de l'enjeu et le fait de jouer régulièrement des matches important amène un comportement moins naturel, moins souriant et moins détendu. Ils n'ont peut-être même pas consciences de ça. Ce n'est pas un reproche mais ils sont prisonniers de l'environnement dans lequel ils vivent. On ne trouve plus cette fraîcheur, cette spontanéité chez les garçons.
Pourquoi vouloir développer le foot féminin ?
C'est notre volonté. Noël Le Graët avait eu une sorte d'intuition pendant notre campagne électorale. Un des thèmes était de développer la féminisation du football. D'ailleurs Noël Le Graët a confié le poste de secrétaire générale à Brigitte Henriques. Dans l'histoire du foot français, ce poste n'a jamais été occupé par une femme. Elle aura pour mission, en plus du travail de secrétaire général, de prendre en main le foot féminin. Et notre volonté, c'est de développer ce football-là. C'est à la fois important en terme de pratiquants, car les licenciés garçons sont plutôt en baisse. On veut enrayer ça en développant le foot féminin où il y a beaucoup à faire. Il ne faut pas oublier que ces filles seront un jour maman et une maman a tendance à orienter ses enfants vers le sport qu'elle a pratiqué. Dans un club, une fédération, une ligue, c'est important d'avoir des femmes, qui apportent une autre sensibilité, une autre façon de voir le foot. On joue pour gagner mais aussi pour se faire plaisir, chez les garçons on l'a peut-être un peu oublié alors que chez les filles c'est très présent. Il faut redonner au jeu cette notion de plaisir.
C'était anormal que le foot féminin soit le parent pauvre ?
La Fédération doit favoriser toutes les formes de football et ne pas se focaliser uniquement sur les garçons et l'équipe de France. C'est certes très important mais ça ne doit pas nous faire oublier qu'il y a d'autres formes de jeu. Notre mission, c'est de permettre aux gens qui travaillent dans le futsal, dans le foot féminin, de bosser dans les meilleures conditions possibles. Les joueuses ont été sensibles au fait que le président, que le vice-président délégué soit venu les voir. Ce sont des petites choses qui sont importantes pour les gens concernés.
Quelles actions concrètes la Fédération va t-elle mettre en place pour promouvoir le foot féminin ?
Brigitte Henriques est chargée de mettre en place un groupe qui va véritablement prendre en main le football féminin. Et on va essayer de lui donner les moyens de travailler car il ne suffit pas de mettre en place des objectifs, il faut aussi avoir des moyens. On va réfléchir comment on peut muscler notre D1 Féminine. Aujourd'hui des chaînes de télé commencent à s'y intéresser. Si demain, on pouvait trouver un accord avec des chaînes de télé pour diffuser des matches de championnat, ce serait une manière très intéressante de promouvoir le foot féminin. Le groupe de travail qui va être mis en place va avoir de la matière pour réfléchir et faire des propositions.
Oui parce que chez les garçons, la pression de l'enjeu et le fait de jouer régulièrement des matches important amène un comportement moins naturel, moins souriant et moins détendu. Ils n'ont peut-être même pas consciences de ça. Ce n'est pas un reproche mais ils sont prisonniers de l'environnement dans lequel ils vivent. On ne trouve plus cette fraîcheur, cette spontanéité chez les garçons.
Pourquoi vouloir développer le foot féminin ?
C'est notre volonté. Noël Le Graët avait eu une sorte d'intuition pendant notre campagne électorale. Un des thèmes était de développer la féminisation du football. D'ailleurs Noël Le Graët a confié le poste de secrétaire générale à Brigitte Henriques. Dans l'histoire du foot français, ce poste n'a jamais été occupé par une femme. Elle aura pour mission, en plus du travail de secrétaire général, de prendre en main le foot féminin. Et notre volonté, c'est de développer ce football-là. C'est à la fois important en terme de pratiquants, car les licenciés garçons sont plutôt en baisse. On veut enrayer ça en développant le foot féminin où il y a beaucoup à faire. Il ne faut pas oublier que ces filles seront un jour maman et une maman a tendance à orienter ses enfants vers le sport qu'elle a pratiqué. Dans un club, une fédération, une ligue, c'est important d'avoir des femmes, qui apportent une autre sensibilité, une autre façon de voir le foot. On joue pour gagner mais aussi pour se faire plaisir, chez les garçons on l'a peut-être un peu oublié alors que chez les filles c'est très présent. Il faut redonner au jeu cette notion de plaisir.
C'était anormal que le foot féminin soit le parent pauvre ?
La Fédération doit favoriser toutes les formes de football et ne pas se focaliser uniquement sur les garçons et l'équipe de France. C'est certes très important mais ça ne doit pas nous faire oublier qu'il y a d'autres formes de jeu. Notre mission, c'est de permettre aux gens qui travaillent dans le futsal, dans le foot féminin, de bosser dans les meilleures conditions possibles. Les joueuses ont été sensibles au fait que le président, que le vice-président délégué soit venu les voir. Ce sont des petites choses qui sont importantes pour les gens concernés.
Quelles actions concrètes la Fédération va t-elle mettre en place pour promouvoir le foot féminin ?
Brigitte Henriques est chargée de mettre en place un groupe qui va véritablement prendre en main le football féminin. Et on va essayer de lui donner les moyens de travailler car il ne suffit pas de mettre en place des objectifs, il faut aussi avoir des moyens. On va réfléchir comment on peut muscler notre D1 Féminine. Aujourd'hui des chaînes de télé commencent à s'y intéresser. Si demain, on pouvait trouver un accord avec des chaînes de télé pour diffuser des matches de championnat, ce serait une manière très intéressante de promouvoir le foot féminin. Le groupe de travail qui va être mis en place va avoir de la matière pour réfléchir et faire des propositions.
« Ce serait dommage d'être qualifié pour les J.O, d'être dans le dernier carré de la Coupe du monde et de n'avoir que trois ou quatre clubs pro qui s'investissent dans le foot féminin »
Joël Muller et Bernard Desumer étaient dans les tribunes de Sinsheim lors de Nigeria - France (photo : Eric Baledent)
Mais pour être diffusé, le championnat doit devenir plus attractif.
Pour le rendre attractif, il faut encourager les clubs professionnels à prendre exemple sur Lyon, Montpellier, le PSG qui ont des sections féminines de qualité. Si demain, Marseille, Lille, Nancy investissent dans le foot féminin, ça ne pourra que renforcer le niveau du championnat. Il est paradoxal de noter qu'aujourd'hui on est champion d'Europe avec nos filles alors que nos garçons ont du mal à passer. On peut avoir d'autres équipes de bons niveaux qui rendront le championnat attractif.
Vous croyez vraiment que les clubs vont faire ce chemin ?
J'espère. Ce serait dommage d'être qualifié pour les J.O, d'être dans le dernier carré de la Coupe du monde et de n'avoir que trois ou quatre clubs pro qui s'investissent dans le foot féminin. Lyon y est arrivé car ils se sont inscrits dans la durée et s'en sont donné les moyens mais d'autres peuvent le faire également. Juvisy, c'est fantastique ce qu'ils font avec 230 000 euros mais cela montra aussi les limites de ce qu'ils peuvent faire. A côté de ça, vous avez Lyon qui consacre 6 millions d'euros. Peu de clubs pro investiront 6 millions d'euros mais s'ils y consacrent 1, 2 ou 3 millions d'euros, c'est déjà 10 ou 15 fois plus qu'un club comme Juvisy. Ça permettrait de mieux préparer les joueuses, de compléter son recrutement avec deux ou trois joueuses étrangères. Le jour où il y aura un Lyon - Marseille en foot féminin un dimanche après-midi à la télé, ça va créer de l'intérêt et ça va sortir le foot féminin de l'anonymat dans lequel il vit.
Pour le rendre attractif, il faut encourager les clubs professionnels à prendre exemple sur Lyon, Montpellier, le PSG qui ont des sections féminines de qualité. Si demain, Marseille, Lille, Nancy investissent dans le foot féminin, ça ne pourra que renforcer le niveau du championnat. Il est paradoxal de noter qu'aujourd'hui on est champion d'Europe avec nos filles alors que nos garçons ont du mal à passer. On peut avoir d'autres équipes de bons niveaux qui rendront le championnat attractif.
Vous croyez vraiment que les clubs vont faire ce chemin ?
J'espère. Ce serait dommage d'être qualifié pour les J.O, d'être dans le dernier carré de la Coupe du monde et de n'avoir que trois ou quatre clubs pro qui s'investissent dans le foot féminin. Lyon y est arrivé car ils se sont inscrits dans la durée et s'en sont donné les moyens mais d'autres peuvent le faire également. Juvisy, c'est fantastique ce qu'ils font avec 230 000 euros mais cela montra aussi les limites de ce qu'ils peuvent faire. A côté de ça, vous avez Lyon qui consacre 6 millions d'euros. Peu de clubs pro investiront 6 millions d'euros mais s'ils y consacrent 1, 2 ou 3 millions d'euros, c'est déjà 10 ou 15 fois plus qu'un club comme Juvisy. Ça permettrait de mieux préparer les joueuses, de compléter son recrutement avec deux ou trois joueuses étrangères. Le jour où il y aura un Lyon - Marseille en foot féminin un dimanche après-midi à la télé, ça va créer de l'intérêt et ça va sortir le foot féminin de l'anonymat dans lequel il vit.
« Je suis à peu près convaincu que Bruno sera reconduit très rapidement »
Quelles chaînes sont susceptibles de s'intéresser à la D1 féminine ?
Il y a deux ou trois chaînes nationales qui se montrent intéressées. Ça peut-être Direct8, Cfoot, Eurosport. Aujourd'hui il y a un petit engouement, Direct8 est très content des audiences réalisées. S'ils peuvent faire des audiences correctes sur des matches de D1, ce serait gagnant-gagnant. Eux, ils feraient de l'audience et puis ce serait un bel outil de promotion du foot féminin. C'est aussi une façon d'encourager les filles à pratiquer le foot et pour les dirigeants de se dire : « Oui ça vaut le coup de s'investir dans le foot féminin ». Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Le contrat de Bruno Bini sera t-il reconduit ?
On n'en absolument pas parlé mais le Président est très content de Bruno Bini, de ce qui s'est passé. Et quand on est très content de quelqu'un c'est quand même rare que son contrat ne soit pas prolongé. Il n'y a rien de fait mais je suis à peu près convaincu que Bruno sera reconduit très rapidement. Je ne pense pas que dans l'esprit du Président, il y ait le moindre doute là-dessus.
Thibault Simonnet
A Heidelberg
Il y a deux ou trois chaînes nationales qui se montrent intéressées. Ça peut-être Direct8, Cfoot, Eurosport. Aujourd'hui il y a un petit engouement, Direct8 est très content des audiences réalisées. S'ils peuvent faire des audiences correctes sur des matches de D1, ce serait gagnant-gagnant. Eux, ils feraient de l'audience et puis ce serait un bel outil de promotion du foot féminin. C'est aussi une façon d'encourager les filles à pratiquer le foot et pour les dirigeants de se dire : « Oui ça vaut le coup de s'investir dans le foot féminin ». Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Le contrat de Bruno Bini sera t-il reconduit ?
On n'en absolument pas parlé mais le Président est très content de Bruno Bini, de ce qui s'est passé. Et quand on est très content de quelqu'un c'est quand même rare que son contrat ne soit pas prolongé. Il n'y a rien de fait mais je suis à peu près convaincu que Bruno sera reconduit très rapidement. Je ne pense pas que dans l'esprit du Président, il y ait le moindre doute là-dessus.
Thibault Simonnet
A Heidelberg