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Bleues - Laurent BONADEI : « Leur donner la chance de se montrer »

Avec 5 nouvelles joueuses appelées dans son groupe de 24, pour sa première liste en tant qu'entraîneur de l'équipe de France féminine, Laurent Bonadei a opéré un large rafraîchissement du groupe tricolore. Une situation à la fois provoquée par les nombreuses blessures qui se sont accumulées ces dernières semaines, mais aussi par une volonté du successeur de Hervé Renard de tester de nouveaux profils.



On voit des nouveaux visages dans ce groupe, quelle est votre motivation à appeler ces nouveaux noms ?
J'ai la chance d'avoir 2 rassemblements et 4 matches amicaux, c'est une période à court terme de préparation donc c'était intéressant pour moi de voir d'autres joueuses, de leur donner la chance de se montrer dans un contexte international, où il y a un cap à franchir, c'est aussi mon rôle de donner cette chance aux joueuses.

Dans cette équipe, quelles sont vos patronnes ?
Il y a la capitaine Wendie Renard, une joueuse charismatique, exigeante, qui connaît bien le très haut niveau, ainsi que Le Sommer, Karchaoui, Geyoro. Parfois être une meneuse c'est aussi distiller la bonne information au bon moment, comme peut le faire Pauline Peyraud-Magnin. J'attends des plus jeunes qu'elles amènent de la fraîcheur pour faire évoluer le projet de cette équipe.

« Aux nouvelles de montrer leur potentiel et de passer un cap »

Vous choisissez donc de reconduire Renard comme capitaine de cette équipe ?
C'est Wendie Renard la capitaine, c'est une très bonne capitaine et on va déterminer un groupe de vice capitaines à l'issue des entretiens que j'aurais avec les joueuses, lundi à Clairefontaine.

Vous avez choisi de sélectionner Karchaoui au milieu plutôt que défenseure...
Sakina est une joueuse avec énormément de qualité, elle court longtemps, elle dribble, elle est à l'aise des deux pieds... On a pu constater lors des derniers matches (avec l'équipe de France) qu'elle a déjà évolué à ce poste, je l'ai positionné milieu, comme Baltimore. Mais Sakina doit prendre des responsabilités dans cette équipe pour apporter énormément de choses à ce collectif.

Il y a beaucoup de variétés, en termes de clubs, dans le choix des joueuses de votre liste.
Quand je fais mes choix, je ne les fais pas de manière politique, c'est surtout sportif. Tant mieux si beaucoup de clubs sont représentés, c'est que le football français est varié. Il y a des joueuses qu'on suit depuis un certain temps, ça montre un signe positif pour l'avenir. Qu'on ait 195 sélections ou une première, c'est un honneur et une fierté de porter ce maillot, un devoir d'exigence aussi. A elles de montrer leur potentiel pour s'affirmer et passer un cap.

A quel point avez-vous eu la volonté d'élargir ce spectre de joueuses que vous surveillez ?
On les suit, c'est le rôle du staff, j'ai des personnes très investies avec moi, on observe un maximum de matches, que ce soit en Italie, en Espagne ou en Angleterre. Il y a des joueuses qui étaient en D2 Arkema l'année dernière, qui sont montées avec leur club. Elles sont peut-être moins connues du grand public mais elles vont le devenir, et elles laissent entrevoir un potentiel.

« Défense à 3 ou à 4 ? On va travailler les deux systèmes »

Dans cette liste, on constate aussi le retour de Clara Mateo.
Elle peut apporter énormément de choses dans ce groupe, c'est une femme avec beaucoup de valeur, intelligente, souriante, elle a un potentiel sur le terrain, elle est polyvalente, elle peut jouer en pointe ou sur un côté, c'est une joueuse importante dans son club. Avec Hervé, on en attendait un petit peu plus, elle a dû être déçue de ne pas être aux JO, donc elle a peut-être l'esprit revanchard, c'est l'opportunité pour elle de montrer tout son potentiel pour qu'elle apporte beaucoup à cette équipe.

Qu'allez-vous faire concernant la hiérarchie des gardiennes ?
Vous avez vu qu'il y a deux gardiennes qui viennent compléter celles qui étaient déjà là, c'est l'occasion pour moi de voir d'autres joueuses dans un rôle élargi. C'est Gilles Fouache le responsable, on va avoir une discussion mais dans mon esprit il faudra une hiérarchie qui soit installée, même si ce n'est pas forcément numéro 1 ou 2, le plus important c'est l'état d'esprit, j'attend un comportement exemplaire qu'on soit numéro 1 ou 2.

Vous pensez évoluer avec une défense à 3 ou une défense à 4 ?
Il y a des profils qui peuvent permettre d'aller sur les deux systèmes. J'avais dit que j'allais essayer d'élargir le spectre tactique pour ces joueuses, donc on va travailler sur les deux défenses.

« Il fallait que certains nœuds relationnels dans l'équipe puissent se délier »

Quels objectifs à long terme vous ont été fixés ?
La première chose, c'est de réussir à faire en sorte que cette équipe progresse et gagne. J'ai parlé de cap à franchir. On s'est arrêté 7 ou 8 fois en quarts de finale ces dernières années, il n'y a pas eu d'objectif précis mais la première des choses c'est de constituer un groupe avec une équipe unie, des principes de jeu. Il y a eu des choses qui ont été bien faites ces 17 derniers mois, il faudra s'appuyer dessus pour que cette équipe progresse, qu'elle gagne des matches et des titres.

On a constaté ces dernières années des tensions au sein même de l'équipe, vous avez prévu de réchauffer les relations entre certaines joueuses ?
Ces dernières semaines, j'ai rencontré 49 joueuses. Je voulais avoir un discours authentique avec elles pour que certains nœuds relationnels puissent se délier progressivement. Je pense qu'on est sur la bonne voie parce que ce sont des femmes qui ont un bon état d'esprit.

Comment allez-vous gérer le cas Delphine Cascarino ?
Elle joue un match à Kansas City samedi. Dès la fin de son match, elle prendra l'avion et elle sera là dimanche matin, ça lui permettra de récupérer, d'autant qu'on sait que la séance de lundi n'est pas très corsée non plus, mais on a un staff qui lui permettra d'être bien mentalement et physiquement.

Que change la retraite d'Amandine Henry pour vous ?
C'est une joueuse extraordinaire, elle a passé 20 ans à porter le maillot de l'équipe de France, tant en équipe A qu'en équipe de jeunes. J'ai beaucoup de respect pour la femme qu'elle est. Dans ma stratégie à court terme, j'avais prévu d'appeler (au téléphone) les joueuses qui sont loin, comme (Léa) Le Garrec, (Solène) Durand, mon discours est le même pour toutes, tout le monde à sa chance, personne n'est indispensable. Amandine a pris sa retraite, c'est une décision digne, pas facile surtout quand on est à son niveau, c'est un petit deuil, elle n'est pas en fin de carrière parce qu'elle a un beau projet au Mexique, qui a l'air passionnant, je lui ai dit que je viendrai lui rendre visite. Si elle m'avait prévenu ? Vous lui poserez la question.

« On est sur la bonne voie en France, je suis très optimiste »

Vous avez beaucoup voyagé dans les clubs, qu'est ce qui vous a frappé le plus ?
J'ai été agréablement surpris de l'accueil, déjà, que ce soit les coachs, les joueuses ou les présidents, j'ai été accueilli à bras ouvert, ça a toujours été des échanges cordiaux, constructif, sur l'avenir du football féminin notamment. J'ai pu assister au débriefing vidéo d'un match de Sébastien Joseph à Dijon par exemple. J'ai pu voir Chelsea, Leicester ou Aston Villa en Angleterre, ils sont en avance sur les infrastructures dédiées au foot féminin. En France, on est sur la bonne voie, on a vu le record d'affluence à Nantes, c'était une belle promotion pour le foot féminin. Il y a parfois des matches où il y a moins de monde, comme à Chelsea en Ligue des champions, mais je pense qu'avec l'arrivée de nouveaux sponsors, il y a un engouement qui peut se créer, je suis très optimiste pour l'avenir.

Pas mal de joueuses ont rejoint un nouveau club cet été, quel a été votre discours auprès d'elles ?
Que ce soit Delphine, Perle Morroni, les joueuses de Chelsea ou du Real... Elles arrivent dans des clubs bien structurés. Delphine me disait qu'elle avait déjà sa maison avec le frigo rempli quand elle est arrivée, ça leur permet d'être bien dans leur vie de tous les jours et quand c'est comme ça on a de bonnes chances d'être bien sur le terrain.

D'un point de vue médical, il y a énormément de blessures, quels liens allez-vous entretenir avec les clubs sur les suivis des blessures ?
Chaque institution a ses enjeux, les clubs doivent respecter les leurs. Marie, on a vu qu'elle était sortie à la mi-temps, c'était une précaution en vue du match entre l'OL et le PSG après la trêve. Les résultats médicaux ont indiqué qu'elle ne pouvait pas être là, il était préférable qu'elle se repose pour pouvoir retrouver son niveau. Notre docteur est en constante relation avec les docteurs de tous les clubs, on a les résultats en toute transparence et on fera de même s'il devait y avoir une blessure pendant le stage.

Jeudi 17 Octobre 2024
Vincent Roussel

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