ESPAGNE - Après le licenciement de Jorge Vilda, la démission de Luis Rubiales

Se sentant certainement peu menacé malgré les critiques portées à son encontre suite à la finale de la Coupe du monde remportée par l'Espagne, Luis Rubiales avait pris tout le monde à contre-pied en refusant de donner sa démission quelques jours plus tard lors d'une Assemblée générale extraordiaire de la fédération. Il avait même fait tout, supporté par ses proches au sein de l'instance espagnole, pour reporter la faute sur Hermoso à coups de menaces et analyses douteuses. Mais voilà, un peu plus de deux semaines plus tard, il a finalement cédé à une pression montante de toutes parts malgré le travail en sous-main de ses fidèles.

Quelques jours après la plainte de Jenni Hermoso auprès du parquet espagnol, qui a donc pu débuter une procédure pour agression sexuelle à l'encontre de Rubiales (en plus d'un délit de coercition pour ses tentatives répétées de faire pression sur la championne du monde), l'ex-président de la fédération dont on a également appris qu'il avait déjà abusé de son autorité il y a deux ans dans un rapport interne et perdu son appel concernant sa vie privée et la pension alimentaire de ses filles qu'il ne voulait pas voir changer malgré des revenus largement revus à la hausse au fil des années pour frôler le million d'euros en 2020. Sans compter les pressions internes certainement, l'image de la fédération ayant pâti de l'attitude et des positions de son ancien président qui va pouvoir désormais se concentrer sur sa défense pour les enquêtes et poursuites ouvertes à son encontre. Mais il n'était qu'un rouage d'un système défaillant et la fédération doit se remettre en question de façon plus profonde.

L'agression de Luis Rubiales sur Jenni Hermoso avait permis de remettre sur le devant de la scène les critiques envers Jorge Vilda, sélectionneur de la Roja tout juste sacrée championne du monde et proche de l'ex-président de la fédération. Il fut finalement licencié le mardi 5 septembre, « l'une des premières mesures de restructuration » voulues par les instances espagnoles. Lâché par ses joueuses, qui avaient unanimement démissionné de la sélection, ainsi que par une partie importante de son staff, il conteste néanmoins le bien-fondé de son licenciement alors que son contrat courrait jusqu'en 2024 et que Luis Rubiales lui en avait promis un nouveau sur la base de deux millions d'euros sur quatre ans.

Il a été remplacé par son bras droit, Montserrat Tomé, ancienne internationale passée notamment par Barcelone et Levante, qui devient ainsi la première femme à diriger la sélection, une mesure insuffisante pour les championnes du monde. A une dizaine de jours de leur premier match en Ligue des Nations contre la Suède (et alors que la fédération n'a pas envoyé dans les délais impartis la demande aux clubs pour libérer leurs joueuses pour la sélection), les championnes du monde refusent toujours de se rendre disponible pour défendre les couleurs de l'Espagne dont l'avenir reste en suspens même si des décisions devraient être rapidement prises.

La première journée du championnat, qui devait avoir lieu ce week-end, n'a pas eu lieu suite à la grève des joueuses initiée par les syndicats, qui n'ont pas réussi à s'entendre avec la Liga sur la convention collective. Une grève qui devrait se poursuivre lors de la deuxième journée, les négociations n'avançant pas. Principal point de discorde -mais pas le seul-, le salaire minimum, actuellement de 16 000 euros et que les syndicats demandent de voir augmentés à 23 000 contre 20 000 proposés actuellement. L'Espagne n'a pas fini de faire parler d'elle et beaucoup de choses devraient bouger dans les jours et semaines à venir.