Euro 2013 - Après ESPAGNE - FRANCE - Une victoire tactique

A l'issue de cette victoire difficile à obtenir mais ô combien précieuse, Bruno Bini était avant tout soulagé et se montrait souriant : "Le sentiment qui domine, c’est du bonheur. Je suis satisfait de ce qu’on produit les filles même si ce n’était pas le meilleur match. Mais parfois il faut savoir mal jouer."
Car comme on pouvait s'y attendre après leur succès face à l'Angleterre (3-2), les Espagnoles sont bel et bien un adversaire à craindre. L'adjoint André Barthélémy était même surpris de la prestation espagnole : "On les avait vu en images mais c'est vraiment une belle équipe. Il n'y a pas d'erreurs techniques. Elles peuvent aller loin, même jusqu'en finale". Le staff avait préparé ce match en montrant la solide adversité qui attendait les joueuses. Bruno Bini explique : "Quand nos observateurs ont fait la première partie de l’équipe d’Espagne en vidéo ça a duré trente minutes, je suis allé en voir un. Et pour la deuxième partie, je leur ai dit : "ne vous trompez pas, les champions du monde, ce sont les garçons". Cette équipe, elle est très dure à jouer mais pas invincible. Les filles ont fait une grosse performance aujourd’hui."

Les interrogations du milieu de terrain tricolore étaient levées à l'annonce de la composition de départ. Eugénie Le Sommer et Elodie Thomis, sur le banc, la technique était privilégiée à la vitesse avec Camille Abily, Louisa Necib et Gaëtane Thiney. "On avait mis en place ce système pour avoir de la densité et de la technique en première période au milieu. Et en deuxième période, on voulait placer des banderilles pour qu’ils se découvrent. Avec Elodie Thomis, on voulait les alerter une première fois pour montrer qu’on peut faire mal puis une deuxième fois avec Eugénie Le Sommer. On voulait leur dire : « Là vous pouvez prendre un coup à gauche, ou à droite » ", s'amusait à relater Bruno Bini.

Car contre un rival aussi technique, la France a dû ruser et faire confiance à sa défense centrale Wendie Renard - Laura Georges : "Il y a des matchs qu’on a gagné techniquement, là c’est tactiquement que l’on a gagné. Nous aussi on savait qu’on allait avoir des périodes difficiles, mais qu’avec Elodie ou Eugénie, les Espagnoles devaient rester vigilantes." Mais au-delà de ces considérations techniques, il y a avant tout eu ce but rapidement inscrit qui a conforté le système mis en place même si le plan B était préparé. "En marquant rapidement, cela nous a permis de les attendre, ça c’était le scénario qu’on avait prévu. On savait aussi que si l'on avait beaucoup trop de difficultés, on pouvait changer au bout de 30 minutes. Dans tous les matchs de préparation, on avait utilisé plein de systèmes. Parfois on n’a pas gagné mais cela nous a servi". Avec beaucoup de hargne et de volonté, les Bleues n'ont rien lâché : "Les dix dernières minutes ont été au courage aussi. Mais on a été bien physiquement et cela aussi c’est bon signe".

Qualifiées et assurées de la première place, les Bleues ont un dernier match de groupe à préparer. Mais alors quelle équipe sera alignée ? "J'ai vingt-trois joueuses aptes à jouer", a répété le sélectionneur. Contre l'Angleterre, "on ne lâchera rien par respect pour la compétition. On alignera la meilleure équipe possible pour ce match-là". Bruno Bini évoqua d'ailleurs la mésaventure survenue aux U19 anglaises lors de l'Euro 2003 que la France allait gagner contre la Norvège (2-0). Assurées de la première place du groupe après des victoires contre la Suède (2-1) et l'Italie (3-1), l'Angleterre faisait tourner et prenait une claque contre l'Allemagne, éliminée (0-6). Une défaite qui allait perturber le groupe battu par la France en demi (0-2). Dix ans plus tard dans un autre contexte, les Bleues joueront en tout cas libérées jeudi à Linköping.