Footofeminin.fr : le football au féminin
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Après OL - Potsdam : Le foot au féminin a remporté une bataille

Un cadre parfait, du spectacle, une nuée de journalistes, l’OL qui rentre dans l’histoire. Tout était réuni pour que le foot au féminin soit reconnu à sa juste valeur jeudi à Londres. Retour sur une soirée presque parfaite.



La joie lyonnaise

JM. Aulas entouré des deux buteuses Renard et Dickenmann (photo : vrouwenteam.be)
JM. Aulas entouré des deux buteuses Renard et Dickenmann (photo : vrouwenteam.be)
« C’était un super moment, une grande émotion », confiait Patrice Lair, ému. Même état d’esprit chez Jean-Michel Aulas, un peu perdu, qui sait que cette finale restera pour lui « un moment inoubliable ». « Il était pathétique », s’amusait même la ministre des sports, Chantal Jouanno, venue spécialement pour voir cette finale. Car finalement cette victoire redore quelque peu le blason du foot français : « C’est bien pour l’image du foot français », concédait-elle. Les joueuses étaient, elles, tout à leur joie d’avoir remporté, l’objectif de la saison : « Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça fait du bien », lançait Camille Abily, auréolée du titre de meilleure joueuse de la finale.
Wendie Renard, buteuse, mettait en avant le collectif, comme toutes les Lyonnaises : « Le plus important c’est le groupe. Le collectif a été très solide ce soir. On a montré une force de caractère énorme et on a été cherché cette Coupe ». Brétigny, joker de luxe, a, elle, souffert sur son banc : « C’est pire que si j’avais joué. La deuxième mi-temps était longue…Mais maintenant on va profiter de ce moment, on va ramener la Coupe à Lyon, ce n’est que du bonheur ».
Laura Georges qualifiait, elle, ce succès de « plus gros accomplissement de sa carrière ». Et pouvait enfin se lâcher : « On va en profiter avec les joueuses, les familles. Il faut se libérer et se vider l’esprit. » Elodie Thomis, malheureuse l’année dernière à cause de son penalty ratée, était d’humeur taquine lorsqu’on lui rappelait cet évènement : « Vous ramenez ça sur le tapis ce soir alors qu’on est championnes d’Europe ? », souriait-elle. Avant de livrer son vrai sentiment : « Je suis très heureuse, on a livré un véritable combat, on a été des guerrières. On ramène cette coupe et elle est amplement méritée. On va fêter ça demain, la semaine prochaine et dans deux semaines également ». La capitaine Sonia Bompastor qui a exhorté et rameuté ses troupes tout le match pouvait enfin prendre son temps, la Coupe dans les bras : « Ca vient couronner toute une saison. Ca a été long mais on savait qu’on avait l’équipe pour aller la chercher après il fallait répondre présent le jour J. Les sentiments viendront un peu plus tard, là on a juste envie de faire la fête et de savourer. » Pour elle, c’était aussi une « fierté » d’avoir été le leader d’un groupe soudé : « Je suis fière d’être la capitaine d’un groupe qui s’entend vraiment bien et où il y a beaucoup de solidarité. Et quand on termine une saison avec ce trophée là, c’est magnifique ». La « porte-bonheur » de Jean-Michel Aulas, Chantal Jouanno a aussi salué l’investissement du président lyonnais auprès de ses filles. Un investissement personnel mais aussi financier puisque la section vit avec un budget de 3.5 millions d’euros. Même son de cloche chez Laura Georges qui a aussi eu une pensée pour ses deux présidents : « Cette victoire est aussi pour nos président, M.Aulas et M.Piemontese. On a énormément de chance d’avoir des présidents de cette classe-là qui s’investissent autant humainement. Et je ne parle pas du côté financier. »

La finale, le jeu, les joueuses

14 303 spectateurs ont garni les tribunes de Craven Cottage (photo : vrouwenteam.be)
14 303 spectateurs ont garni les tribunes de Craven Cottage (photo : vrouwenteam.be)
Dans l’antre de Craven Cottage qui fêtera ses 115 ans cette année, on ressent tout le poids de l’histoire. Très bien conservé et dans le pur style anglais, avec des tribunes très près du terrain, le spectacle fut à la hauteur de l’évènement pour les 14 303 spectateurs présents. Une finale emballante avec assez peu de fautes techniques, du rythme, du suspense et beaucoup d’engagement. Parce que les Lyonnaises n’ont pas faibli et ont su résister au défi physique à l’image de Wendie Renard, au-dessus physiquement et qui s’est même payé le luxe d’ouvrir le score. « C’est un honneur d’apporter un plus sur les coups de pieds arrêtés », confiait-elle. Derrière, la charnière Viguier – Georges a fait le travail et Sonia Bompastor a été exemplaire sur son côté gauche. Déterminée et très agressive d’entrée, la native de Blois était très souvent au marquage de Bajramaj l’une des trois meilleures joueuses au monde. Elle ne lui a laissé que très peu d’espaces et celle-ci a souvent été obligée de dézoner, se fatiguant plus vite. Peut-être la clé du match. Cruz a ratissé, Henry a permis à son équipe d’ouvrir le score avant de la sauver par la suite devant Mittag. Abily, MVP, a rayonné se montant au dessus du lot techniquement. Necib, exilé sur le côté, n’a pas autant influé que d’habitude mais a encore tapé un montant en finale de Ligue des Champions. Rageant.
Henning et Kemme ont souffert et ont très souvent été prise de vitesse par les démarrages de Thomis et Schelin virevoltantes tout comme Dickenmann qui a enfoncé le clou après avoir remplacé Necib. Dans les tribunes, c’était aussi la fête avec une ambiance bon enfant. Bref une vraie fête du football. C’est aussi ça, le foot au féminin.

Les féminines et les médias

Les photographes et les médias étaient en nombre (photo : vrouwenteam.be)
Les photographes et les médias étaient en nombre (photo : vrouwenteam.be)
Patrice Lair avait dit avant la rencontre que ce match pouvait « faire passer un cap » au foot féminin français. L’ambiance d’après match et le pic à 1.8 millions de téléspectateurs réalisé par Direct 8 n’a pu que le conforter dans son idée. Une soixantaine de journalistes français, allemands, anglais avaient envahi la tribune Johnny Haynes et l’espace qui leur était réservé. Il y avait même un journaliste japonais ! Mais c’était une finale de Champion’s League alors est-ce que cet engouement soudain pour le foot féminin peut durer ? Le débat s’est même installé dans les couloirs de Craven Cottage « Tu vas les voir partout dans les prochains jours… », lançait un journaliste. « Ca va durer trois jours et puis ça va retomber…Comme d’habitude », disait cet autre journaliste radio. Car le vrai défi pour le foot au féminin sera de tenir dans la durée, de ne pas avoir qu’un seul évènement éphémère qui attire les médias.
Car pour l’instant Lyon est bien seul dans son championnat. Les 21 victoires en 21 matches l’attestent et atténuent l’intérêt de ce championnat et donc des médias. La Coupe du monde va relancer la machine médiatique mais c’est encore autre chose.
Patrice Lair s’en plaignait encore un peu hier même si la joie « intérieure » l’emportait largement : « Je ne souhaite qu’une chose, qu’on élève le foot au féminin français, que les présidents pensent à investir au niveau de leur équipe féminine. Il faut que l’on ait un championnat qui tienne la route et que, demain, on ait beaucoup plus d’équipes françaises qui rivalisent sur le plan européen. » Un travail de longue haleine en somme. Enfin, Laura Georges en a profité pour gentiment chambrer les journalistes en zone mixte : « Cette victoire va lancer notre Coupe du monde. J’espère que vous, BFM, RTL, Radio Scoop…Vous pourrez nous suivre. » A bon entendeur.

Thibault Simonnet, à Londres

Vendredi 27 Mai 2011
Thibault Simonnet


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